Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.

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réduction d’après laquelle Paul Pontius grava sans doute son portrait pour l’Icono-
grapliie, — que cette gravure même et d’autres portraits au burin par Suyderhoef,
Vorsterman, etc., se rapportaient tous à la belle toile de lord Ashburton, actuelle-
ment à l’Académie. Mais pour ceux qui ont regardé avec un peu d’attention
celte magnifique page, il est clair qu’il y a là erreur absolue. Le portrait diffère
en tout de celui dont la grisaille de Munich nous montre la réduction; le faire, le
coloris, la conception générale, sont d’un peintre contemporain de Van üyck,
mais tout autre que lui. L’œuvre est d’un magistral dessinateur, mais d’un
coloriste plus terne et moins lumineux que ne le sont les deux grands maîtres
d’Anvers; et je serais porté — quoique avec une certaine hésitation, — à l’attri-
buer à Gaspar de Crayer.

Il n’est pas absolument nécessaire de décrire en détail la collection des tableaux
hollandais, quoiqu’elle comprenne quelques merveilles. On éprouve une certaine
déception à revoir les Rembrandt que lord Ashburton a envoyés de Bath llouse; il
y en a plusieurs de celle provenance qu’il faudra rayer de l’œuvre du maître, pour
les rendre à son entourage. La meilleure de toules ces toiles est une magnifique
élude de Rembrandt lui-mùmc, peinte vers 1660, et d’une conservation si parfaite
qu’elle se fait par là remarquer même dans l’œuvre du peintre. Le maître parait
dans toute la vigueur de sa jeunesse épanouie — radieux et enivré de succès et de
bonheur — dans un très beau portrait (à M. Heyward Lonsdale), qu’il a dû peindre
entre 1635 et 1640. Il faut encore distinguer dans cet ensemble un Portrait de dame
hollandaise, de 1641, le soi-disant Jansénius, et le petit portrait du célèbre calli-
graphe Coppenol, peint vers 1650. Nicolas Maes, dans deux magnifiques Intérieurs,
brille celle fois d’un éclat au moins égal à celui de son maître; lord Yarborough
envoie une Scène de patinage de Cuyp, qui doit passer au rang de ses chefs-d'œuvre;
et la collection renferme aussi des exemplaires hors ligne d’Adrien van Oslade,
Jan Stccn, Adrien van de Velde, Teniers cl Gonzales Goqucs, provenant aussi pour
la plupart de la riche collection de lord Ashburton.

La collection des œuvres d’Alfred Stevens, à laquelle j’ai déjà fait allusion en
passant, occupe une salle à part — la même qui, aux expositions de la Royal
Academy, est consacrée aux aquarelles. Cette apothéose définitive de son talent,
pour être en vérité assez tardive, — puisque voilà bientôt quinze ans qu’il est
mort, — ne laisse pas que d’être très brillante. Le centre de la salle est occupée par
la maquette, de dimensions très réduites, du fameux Monument de Wellington, qui
paraît ici couronné de celte statue équestre qui ne fut point exécutée, parce que le
chapitre de la cathédrale s’y opposa avec une obstination que rien ne put
vaincre.

Plus harmonieux encore aurait été le Monument destiné à rappeler l Exposition
de 1851, pour lequel Stevens concourut, mais qui resta à l’état de projet. On
retrouve aussi, à Burlington llouse, un projet fort remarquable pour la décoration
de la grande coupole qui couronne la vaste salle de lecture au Rritish Muséum. Le
véritable artiste se révèle peut-être encore plus clairement dnns une longue série
de dessins à la sanguine d’après le nu, où Stevens brille moins par la correction
que par une véritable largeur de style, rappelant, cependant, de trop près scs
deux maîtres de prédilection, Michel-Ange cl Raphaël. Un autre eûté encore de ce
talent, universel comme ceux de la Renaissance italienne, est accusé par les dessins
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