Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

LES VÉLINS DU MUSÉUM.

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questions d’art, de science et d’agriculture. Il dut singulièrement
délaisser son jardin de Blois ses fleurs, ses animaux et les artistes
qu’il avait protégés au début.

Ce serait donc, si ma supposition a quelque valeur, après une
interruption de vingt-cinq ans que Louis XIY aurait jugé à propos
de faire continuer l’intéressante collection de vélins imaginée et créée
par l’initiative de son oncle et par le talent de Daniel Rabel.

De même que Rabel avait voulu représenter son protecteur en
tête de la collection, en une grande miniature sur vélin, comme pour
rappeler à la postérité les droits de ce prince à l’estime et à la recon-
naissance publiques, de même Nicolas Robert crut devoir rendre un
égal hommage à Louis XIV en peignant les traits de ce monarque
sur un vélin de même grandeur et de même nature. Mais si l’idée
est semblable, la façon de l’exprimer diffère. Ce n’est plus cette
variété de fleurs, choisies parmi celles que préférait le duc d’Orléans ;
c’est un motif d’architecture en grisaille, formé de cariatides ailées,
qui plaît par l’originalité de la manière et par l’habileté de la com-
position. On en peut juger d’ailleurs par la gravure hors texte qui
reproduit ci-contre l’une des plus heureuses pages de la miniature
raais.eçn On admirera les heureuses combinaisons de formes et de
couleurs s’harmonisant à merveille pour séduire la vue. Si les acces-
soires sont traités avec une délicatesse infinie, le motif principal, le
portrait du roi qui se détache en médaillon, légèrement de profil,
parfait de ressemblance et de vie, au milieu de ce décor sévère, ne
le leur cède en rien pour le fini de l’exécution et pour la vérité de
l’expression. Le monarque est jeune; il porte une armure analogue
à celle de son oncle. Au bas, figurent son chiffre et la couronne
royale ; en haut, le soleil radieux parait sous la forme d’un chérubin,
accompagné des attributs ordinaires de la Renommée. L’harmonie
dans l’ensemble répond à la majesté du sujet.

Les représentations de Louis XIV, à tout âge et en toute circon-
stance, ne sont ni rares ni difficiles à rencontrer; mais combien peu
pourront être jugées supérieures à celle-ci, due à l’artiste habile et
fécond qui signa N. Robert pinxit.

On nous permettra de passer rapidement en revue les différents
artistes qui se sont succédé, pour l’accomplissement de cette tâche,

1. Dans la riche bibliothèque blésoise de L. de la Saussaye, dispersée aux
enchères en septembre 1887, on pouvait voir une série de livres relatifs il YHortus
regius blesciisis, et plus spécialement un répertoire manuscrit des plantes réunies
par Gaston d'Orléans, relié ii son chiffre et daté de 1G51.