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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 4
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0363

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332

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

années, on a recueilli de nombreux fragments sculptés dans la même pierre,
couverts de couleurs extrêmement vives et qui faisaient certainement partie
d'une composition analogue à celle que M. Purgold avait étudiée. Le mor-
ceau le plus important et le mieux conservé à tous égards, représentant
un monstre à trois bustes dont le corps se termine par des queues de serpent
entrelacées, est rapidement devenu célèbre; l’une des têtes de ce Typhon,
baptisée Barbe bleue par les ouvriers qui la découvrirent, conservera ce nom,
pendant bien longtemps sans doute, dans les plus sévères traités d’archéo-
logie. On a pu voir à l’Exposition, parmi les envois de la section grecque
voisine de la rue du Caire, la magnifique aquarelle de M. Gilliéron, qui
reproduisait celte étrange sculpture dans tout l’éclat de sa violente poly-
chromie '. Ce n’est que tout récemment, lorsqu’on a entrepris de réunir sous
un même toit les fragments en tuf calcaire découverts au sud et au sud-est
du Parlhénon, que le sculpteur grec Kaloudis, assisté de M. Brüclcner1 2, a pu
faire sortir de cet ensemble confus deux frontons de dimensions considérables.
L’un d’eux, représentant Triton terrassé par Iléraklès, n’est encore connu
que par des mentions assez sommaires, mais l’autre vient d’être longuement
décrit dans un mémoire de M. Brüclcner3 4, avec une gravure indiquant les
parties manquantes que nous avons fait reproduire ici. Il se compose, comme
on le voit, de deux épisodes : à la droite du spectateur, Zeus brandissant la
foudre, dans une posture que l’art archaïque a souvent prêtée aux dieux com-
battants, soutient l’attaque du monstre anguipôde dont le triple buste, entre-
mêlé de serpents, est heureusement d’une conservation presque parfaite. La
fameuse Barbe bleue est celle des trois têtes qui est la plus voisine des queues
de serpent entrelacées. Les objets que deux des trois monstres tiennent à la
main n’admettent pour l’instant aucune explication plausible, chose d’au-
tant plus singulière qu'ils n’ont subi que des mutilations insignifiantes.
L’angle opposé du fronton nous montre Iléraklès, agenouillé comme Zeus,
qui lutte contre un serpent énorme, peut-être la fabuleuse Echidna. C’est une
allusion h la légende, connue seulement par quelques vers d’Euripide*,
d'après laquelle Iléraklès aurait pris part au combat contre Typhon : le
grand serpent parait ici comme l’allié du monstre, de môme qu’IIéraklès est
l’allié du roi des dieux.

Il faut bien avouer que cette composition bizarre, créée peut-être vers l’an
850 avant notre ère, déroute, au premier abord, toutes les idées courantes
sur l’art grec. Mais, bien que ce fronton ait été sculpté sur l’Acropole, dans
un calcaire dont le gisement est au I’irée, on a bien le droit de se demunder
s’il est l’œuvre d’un artiste athénien. La Grèce du vi° siècle subit, dans une

1. On en trouvera une photogravure sans couleurs dans les Albenische Mitthei-
lungen, t. XIV, pl. II.

2. M. Léchât avait déjit reconnu, dans un excellent article du Bulletin de
correspondance hellénique (t. XIV, p 130), In connexité des groupes tels que la fait
voir notre gravure.

3. Athenische Mittheilungen, t. XIV, p. 67, pl. à la p. 74. La longueur du
fronton atteint 8*,50.

4. Euripide, Hercule furieux, vers 1238-60. Cet heureux rapprochement est dû
à M. Léchât.
 
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