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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 4
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Funck-Brentano, Frantz: Documents sur quelques peintres français des XIVe et XVe siècles
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0379

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348

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

œuvre, où reposent déjà plusieurs de ses enfants. Douze prêtres diront la messe
pour le repos de son àme, dont chacun recevra quatre oboles royales. Pierre de
Sargues garde reconnaissance à l’église de Lyon, de tous les bienfaits dont elle
l’a comblé, d’ailleurs cette église il l’aime de tout son cœur, et en conséquence
il lui fait une rente de quatre florins d’or. Chaque année une messe sera dite
en l’honneur du donateur dans l’église, et en ce jour anniversaire les quatre
florins seront distribués à ceux qui assisteront aux matines et à la messe, plus
trois gros à ceux qui sonneront les cloches. Ce revenu de quatre florins d’or sera
assuré par les redevances tirées d’une maison avec dépendances appartenant à
l’artiste dans la rue Neuve. Pierre de Sargues lègue une autre maison, sise
carrefour du Palais, en face de l’image de la Vierge, à sa bien-aimée femme
Monctte. Cependant Pierre ne paraît pas avoir grande confiance en Monette, car
il stipule expressément que ladite maison ne lui appartiendra qu’à titre viager,
et que s’il advenait que Monette convolât en secondes noces, Guillaume Peroion,
ami intime, en lequel il a toute confiance, se chargerait de l’éducation des enfants.
Ces enfants, les héritiers, sont Agnès, Guillaume, Pierre, Étienne et Jean; joli
nombre quand on songe que quelques autres déjà, étaient morts.

Voilà donc deux types d’artistes du xiv* siècle, dont la physionomie nous appa-
raît avec assez de netteté. On en trouvera d’autres et M. Guigue lui-même, sans
aucun doute. En réunissant ces documents à quelques statuts de corporation, aux
indications qui nous sont fournies par quelques œuvres poétiques du temps,
comme le roman de Baudoin de Sebourg, surtout aux écrits que nous ont laissés
quelques artistes du moyen âge parmi lesquels l’album de l’architecte Villard de
Honnecourt, le livre du peintre Théophile, moine de Saint-Gall et la chronique
d’Odorannus, on arrivera à composer la monographie de l’artiste à ces premières
époques de notre art national.

La publication de MM. Guigue contient d’autres documents encore concernant
les arts aux xiv° et xv* siècles : une reconnaissance donnée par Pierre de Verzelay,
dorier, tailleur de la monnaie de l’archevêque de Lyon, aux chanoines de Saint-
Just, du payement d’un reliquaire représentant la tête de Saint Just; quelques
détails nouveaux sur les peintres verriers Peronnet-Saqueret et Janin Sureau;
mais les perles du recueil sont les lettres et procès-verbaux concernant Jean
Perréal dit Jean de Paris : l’artiste qui dessina le tombeau de la cathédrale île
Nantes et qui peignit vraisemblablement le merveilleux petit tableau donné au
Louvre par M. Bancel.

On parle souvent encore, avec stupéfaction, de ces génies de la Hcnaissance
italienne qui, comme Léonard de Vinci ou Michel-Ange, étaient à la fois peintres,
sculpteurs, architectes, ingénieurs, mathématiciens. Cette variété de connaissances
et d'aptitudes n’a pas été le propre des artistes de l’Italie : nous la retrouvons
chez nos artistes français et bien avant la Benaissance. Ainsi le moine Odorannus,
qui vivait au xt* siècle, était peintre, musicien, sculpteur, orfèvre, urchitecte, ingé-
nieur, mécanicien et homme de lettres. Jean de Paris lui-même, ne le céduit en
rien par l’universalité de ses connnaissances à ses confrères d’au delà les Alpes.
Nous savons qu il était peintre, architecte, sculpteur, costumier; la publication
de M. Guigue nous le présente en ingénieur militaire.

Les documents concernant Jean Perréal se rapportent à la partie de son exis-
tence la plus ignorée, à la fin de sa vie.
 
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