Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

à M. Bredius la date, jusque-là inconnue, delà naissance de Jacob van Ruisdael;
le 9 juin 1601, il s’y déclare âgé de 39 ans, ce qui fixe celte naissance en 1628-1629.

Le collaborateur de M. Bredius, M. de Iloever, n’a pas une activité moindre. A
coté d’articles de lui consacrés au Musée d'antiquités de la ville d’Amsterdam et
aux Compagnies rivales de la première Compagnie des Indes, nous trouvons une
notice sur le Nieuwe Doolhof (le Labyrinthe) in de Oranje Pot, un établissement
de plaisance situé sur le Looiersgracht, près de l’endroit où habitait Rembrandt
au moment de sa mort. C’était un grand jardin qui, en changeant de propriétaire,
avait subi des transformations successives. On s’y faisait servir des rafraîchisse-
ments et, pour une somme très modique, on y pouvait voir une foule de choses
curieuses : des fontaines, des oiseaux rares, des automates, la procession de
l’Ommegang, etc. Ces diverses attractions sont gravées sur un prospectus du
temps dont un fac-similé accompagne l’article de M. de Roever. David Lingelbach,
le père de l’artiste de ce nom, avait repris, en 1636, l’exploitation de cet établisse-
ment dont il avait cherché à augmenter les séductions par de nombreuses pièces
mécaniques de son invention. L’année 1889 débute par une très intéressante
étude de M. de Roever sur Pieler Aertsz, le Lange Pier, ce peintre déjà si fran-
chement hollandais par la verve et la puissance de son réalisme et qui devait être
la souche d’une famille vraiment privilégiée puisque, pendant les quatre généra-
tions dont M. de Roever a reconstitué l'arbre généalogique, elle ne produisait pas
moins de quatorze peintres. Parmi eux, on compte des artistes d’un mérite reconnu,
comme les fils mêmes de Pieler Aertsz : Pieter Pictersz et Aert I’ietersz, l’auteur
présumé de ce beau tableau du Ilyks Muséum, les Six syndics de la halle aux draps
(n° IV), un chef-d’œuvre de force d’expression et de vie. Après eux, dans la même
descendance, nous relevons les noms d’Evert Crinsz van derMaës dont nous avons
déjà parlé plus haut ; de Pieter Dirksz, très estimé de son temps, et dont M. Franken
possède un paysage qui rappelle les compositions du graveur Jan van de Vclde ; de
Dirck Santvoort, le contemporain de Rembrandt et un admirateur si passionné du
maître, qu'il avait donné le nom de celui-ci à deux de scs enfants. M. de Roever a
dressé un catalogue complet des œuvres de Pieter Aertsz, d’après les indications
des divers auteurs qui ont parlé de lui et il a relevé sur cette liste ceux de ces
ouvrages qui sont parvenus jusqu’à nous.

Un jeune archiviste de Rotterdam, M. E. W. Moës, marche sur les traces de
ses aînés. Avec une notice sur Pieter de Ring, un peintre de nature morte dont
les tableaux sont souvent confondus avec ceux de Jean Davidsz de llcem, il nous
communique les annotations faites en 1671 par un amateur de cette époque,
H. Uoumes, avocat à Medcnhlik, sur les marges d'un exemplaire du Livre des
Peintres. On y peut suivre la trace de plusieurs des œuvres importantes de
maîtres cités par van Mander : Lucas de Leyde, Geertgen von Sint Jans, (iollzius,
Cornelis de Harlem, etc. Non content de ces études de détail, M. Moës poursuit
avec persévérance un plus vaste dessein, celui de rédiger un catalogue complet de
l’iconographie hollandaise, tâche longue et difficile s’il en fût, car il n’est pas de
pays qui ait produit un total comparable de portraits. Mais, quoique bien jeune
encore, M. Moës est déjà très au courant de son sujet et pourvu d'une méthode
excellente. H a de longues années de travnil devant lui; il est donc bien en
mesure de mener à terme une si redoutable entreprise.

M. t). G. Meyer Junior continue avec un succès égal ses études sur les tableaux