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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Pierre Breughel le vieux, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0407

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372

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

érigée sous Charles-Quint et traversée d’abord par le monarque en
personne, primus mortaliutn ingressus, disait une inscription commé-
morative, était l’œuvre d’un architecte italien, Donato Boni Pellizuoli.
Elle datait de la veille à l’époque où Breughel la donnait comme fond
de son tableau et, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’en 1860, elle garda
ses colonnes d’Hercule, ses lions affrontés de sa fière devise impé-
riale : Plus outre. Chaque hiver voyait revenir autour de ses assises
le flot de patineurs et de curieux. Ils sont nombreux les Anversois
qui se souviennent de s’être accoudés à cette même rampe, — elle ne
disparut qu’avec la porte elle-même. —où dans l’œuvre do Breughel,
se pressent leurs ancêtres, témoins des mêmes épisodes qui égayèrent
leur propre enfance. S’il en faut juger par de nombreuses réimpres-
sions, la planche eut un succès durable. Un de ses derniers éditeurs,
T. Galle, entreprit de la rajeunir par l’adjonction de ce titre philo-
sophique : La Lubricité de la vie humaine.

Observateur profond, humoriste intarissable, Breughel n’est
homme à reculer devant aucun des détails que comporte un sujet. De
son temps, comme aujourd’hui encore, à la différence de ce qui se
pratique en Hollande, l’exercice du patin était pour les Flamands pur
prétexte à amusements. A Anvers, on faisait sur la glace des fossés
le tour de l’enceinte dont les talus fournissaient un amphithéâtre
de premier ordre aux spectateurs plus avides encore des incidents
de la journée que d’applaudir à l’adresse des plus agiles. La diversité
des costumes se joint à tout le reste pour donner au tableau sa véri-
table signification. Toutes les classes de la société se confondent dans
leurs ébats. La femme du peuple embéguinée dans sa liuquo, s’aven-
ture imprudemment sur la nappe glissante où ses faux pas vont
donner une énorme joie aux méchantes commères assemblées sur la
berge. Entre les patineurs aguerris, bon nombre de mariniers à la
culotte flottante, des Hollandais déjà proclamés les rois du patin,
l’oint de fumeurs, cela va de soi, le tabac n’ayant été importé que
quelques années plus tard.

Au surplus, le patinage lui-même était d'introduction récente
puisqu’on disait encore patin « do Hollande ». Vers la fin du
xvi° siècle, Philippe II, bien qu’il fût le souverain dos Pays-Bas,
vit avec surprise un patineur flamand s’exercer sur les rivières de la
maison royale, la Casa del Campo. La chose est relatée dans un écrit
de 1587 et nous en tenons le récit du patineur lui-même, un Anver-
sois du nom de Jehan Lhermitte, qui dut à l’aventure d’être un jour
le précepteur de Philippe 111. A quoi peut tenir la célébrité!
 
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