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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Pierre Breughel le vieux, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0409

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374

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Mais pour cela même que Breughel est l’homme de son temps, il
ne renonce pas au droit d’interpréter les sujets religieux. Il les
interprète à sa façon et, mieux que partout ailleurs peut-être, y affirme
ses tendances, sans compter que bien mieux aussi qu’ailleurs nous
allons saisir par là les limites qui le séparent des confrères plus spé-
cialement adonnés à la production de sujets de la même espèce.

Se rappelle-t-on Paul Véronèse cité à comparaître devant le Saint-
Office pour avoir introduit dans un tableau de la Cène des person-
nages jugés superflus et des accessoires qualifiés d’irrévérencieux,
et revendiquant pour les peintres, comme pour les poètes et les fous
le droit de prendre des licences pour ajouter à l’expression d’une
donnée '? Nous ignorons si jamais les créations de Breughel soule-
vèrent les censures ecclésiastiques. Serait-ce de lui, par hasard, qu’il
est fait mention dans l’interrogatoire de l’illustre maître vénitien :
« N’ignorez-vous point qu’en Allemagne et autres lieux infestés
d’hérésie ils ont coutume, avec leurs peintures pleines de niaiseries,
de tourner en ridicule les choses de la sainte Eglise ? »

Il est certain que, dans les Pays-Bas, une très grande latitude
était laissée aux artistes et c’est, ma foi! bien heureux pour nous,
car s’il fallait expurger tous les tableaux flamands où interviennent
des naïvetés nous serions privés d’un nombre considérable de pages
de Breughel, dans lesquelles des scènes de l’Évangile sont, il faut
bien le dire, étrangement accommodées aux prédilections de l’artiste.
Nous en verrons plus d’une.

Voici, pour commencer, la Mort (le la Vierge, qu’il est bien permis
de mentionner comme une des scènes religieuses les plus développées
du raaitre. Le tableau appartint à Abraham Ortelius et devait avoir
de très nombreux admirateurs puisque l’illustre savant le fit graver
par Philippe Galle le vieux : Sibi et amicis /ieri curabat. Est-ce le
même que posséda Rubens et qui se trouve indiqué au n° 193 do son
catalogue sous le titre : « Le Trépas de Notre-Dameen blanc et noir»?
Nous ne saurions le dire *.

L’heure dernière de la mère du Christ est venue. Un prélat,
suivi du porte-croix et accompagné d’un moine sonnant lo glas
funèbre, s’approche du lit de la mourante et lui met en main lo cierge
bénit. Conformément au texte de la Légende dorée, les apôtres, mira-

I. Armand Baschet : Paul Véronèse appelé au tribunal du Saint-Office à Venise
(1573), — Gazelle des Beaux-Arts, t. XXIII, p. 378.

± M. Ed. Félis, à Bruxelles, possède un tableau entièrement semblable it
l'estampe de Philippe Galle, mais il n'est point en blanc et noir.
 
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