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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Reinach, Salomon: La vénus de Milo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0415

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LA VÉNUS DE MILO..

379

M. Aicard. Les premiers sont évidemment altérés par de véritables
mensonges et le second n’est guère qu’une mystification d’un bout à
l’autre. Nous aurons cependant à y faire tout à l’heure quelques
allusions.

Yoici d’abord ce que nous apprend Dumont d’Urville. La gabare
la Chevrette, à bord de laquelle l’éminent marin servait comme
enseigne, mouilla dans la rade de Milo le 16 avril 1820. Le 19,
d’Urville alla voir la Vénus. Il raconte que trois semaines environ
auparavant un paysan grec, bêchant son champ, avait rencontré des
pierres de taille : en creusant plus avant, il déblaya « une espèce de
niche » dans laquelle il trouva « une statue en marbre, deux hermès
et quelques autres morceaux également en marbre... » La statue
était de deux pièces, jointes au moyen de deux forts tenons en fer.
Le Grec avait fait porter dans une étable la partie supérieure avec
les deux hermès; l’autre était encore dans la niche le 19 avril. On
pense, sans en être certain, que la partie supérieure avait été décou-
verte avant le reste. Il faut citer ici le texte même de la relation :
« La statue, dont je mesurai les deux parties séparément, avait, à
très peu de chose près, six pieds de haut; elle représentait une femme
nue, dont la main gauche relevée tenait une pomme et la droite
soutenait une ceinture habilement drapée et tombant négligemment
des reins jusqu’aux pieds; du reste, elles ont été l’une et l’autre
mutilées et sont actuellement détachées du corps. » Et plus loin :
« Les cheveux sont retroussés par derrière et l’etenus par un
bandeau... Les oreilles ont été percées et ont dû recevoir des pen-
dants. Tous ces attributs semblent assez convenir à la Vénus du
Jugement de Paris, mais où seraient alors Junon, Minerve et le
beau berger? Il est vrai qu’on avait trouvé en même temps un pied
chaussé d’un cothurne et une troisième main; d’un autre côté, le
nom de l’ile de Mélos a le plus grand rapport avec le mot pîjXov, qui
signifie pomme. Ce rapprochement de mots ne serait-il pas indiqué
par l’attribut principal de la statue? »

Tous les termes de cette déposition d’un honnête marin doivent
être pesés attentivement. Ils prouvent clairement, remarquons-le,
que la Vénus a été trouvée sans ses bras, mais qu’on a découvert avec
elle deux bras mutilés, une troisième main, un pied et deux hermès,
qui peuvent n’avoir aucun l’apport avec la statue ; enfin, que d’Urville,
ayant vu les deux tronçons séparés, a fait une simple conjecture en
disant que la main droite retenait la draperie tandis que la main
gauche tenait une pomme.
 
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