Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Reinach, Salomon: La vénus de Milo
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0428

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA VÉNUS DE MILO.

391

à l’indiquer : c’est l’extrémité, roulée sur elle-même, du lien qui
retient la chevelure. La restitution de Hasse parait être restée
inconnue en France; ce qu’il dit de la pomme repose, je crois, sur
une erreur 1 2 et je ne suis nullement disposé à admettre, pour une
statue comme notre Vénus, le motif frivole que l’anatomiste de
Breslau a imaginé.

Un archéologue allemand, s’inspirant d’une observation faite par
l’éminent antiquaire anglais Millingen, a pensé que l’attitude du
corps de la Vénus indiquait comme un mouvement d’étonnement et
de répulsion. Après avoir d’abord supposé que la déesse reculait
pour se soustraire à quelque familiarité amoureuse, il a récemment
modifié son hypothèse; il s’incline à reconnaître dans la déesse la
chaste Artémis, surprise au moment du bain par Actéon3. Se trou-
vera-t-il personne, en dehors de M. Veit Valentin, pour voir une
baigneuse alarmée dans la majestueuse déesse de Milo? J’espère
bien que non.

Voici maintenant une tentative plus sérieuse. Dès l’arrivée de la
statue à Paris, l’illustre archéologue Quatremère de Quincy pensa
qu’elle était groupée avec un second personnage, et que ce person-
nage était Mars. Cette idée a depuis été reprise et précisée par
M. Ravaisson, qui, après des hésitations nombreuses, témoignage
de la sincérité de ses études, est arrivé à la conclusion suivante.
Aphrodite est placée à côté de Mars; elle appuie sur l’épaule du
dieu son bras gauche qui tient la pomme; sa main droite se relève
comme pour indiquer qu’elle parle au dieu. Quant à celui-ci, il doit
être figuré sur le modèle d’une statue de travail grec conservée
au Louvre et qu’on appelle, à cause de la collection dont elle a fait
partie, le Mars Borghèse. Malheureusement, M. Ravaisson n’a pas
encore publié son essai de restitution et, comme il arrive trop
souvent chez nous, il s’est laissé devancer par un étranger sur le
propre terrain de ses études. C’est un sculpteur allemand qui a,
le premier, restitué en plâtre un groupe de Mars et Vénus d’après
les idées de M. Ravaisson et qui en a fait paraitre une gravure
dans une revue illustrée. Nous reproduisons les lignes principales
de cette gravure, faute d’un meilleur document; la restitution, com-
parée à celle de M. Ravaisson, présente des différences de détail

1. Clarac a déjà fait observer que cet objet peut être aussi bien une grenade
qu’une pomme, mais il est certain que c’est un fruit.

2. M. Veit Valentin insiste sur le motif, mais ne propose le nom d’Artémis que

sous réserve.
 
Annotationen