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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Reinach, Salomon: La vénus de Milo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0429

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392

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

assez importantes, mais elle est conforme, clans son ensemble, aux
vues de l’ancien conservateur du Louvre

Ce projet se fonde sur un argument sérieux, à savoir le fait
que le côté gauche de la statue est plus négligemment travaillé
que le reste. Mais, il se heurte, d’autre part, à de graves objec-
tions. Rien n’y explique la direction du regard de la Vénus, qui ne
semble nullement s’occuper du dieu placé auprès d’elle. L’histoire
de l’art ne connaît aucun groupe de Mars et Vénus remontant au
Ve siècle avant notre ère. Enfin, rien ne peut prévaloir, à mon sens,
contre l’impression qui se dégage de l’étude du marbre lui-mème, fait
pour se suffire dans sa majestueuse grandeur et ne pouvant qu’être
gâté par le rapprochement avec un autre personnage. Il est vrai qu’on
a signalé des groupes d’époque romaine où une femme drapée, dans
une attitude assez semblable à celle de la nôtre, est placée à côté
d’un guerrier ressemblant au Mars Borghèse; mais nous savons que
les motifs isolés, créés par les grands sculpteurs de la belle époque,
ont très souvent été associés à d’autres motifs dans les groupes en
ronde bosse et les bas-reliefs d’une époque postérieure. Loin donc qu’il
y ait là un argument sérieux en faveur de l’hypothèse du groupe pri-
mitif, j’y vois la preuve que ce groupe est inadmissible, car dans toutes
les compositions romaines dont je parle, l’inclinaison de la tète et du
torse de la Vénus est différente de ce que l’on voit dans notre statue.

En général, il ne faut pas se fier aux prétendues répliques de la
Vénus dans la statuaire, car les bras ont toujours plus ou moins
souffert et leur aspect actuel est dû aux restaurateurs modernes.
Nous attacherons plus d’importance aux figures des bas-reliefs, que
le temps a beaucoup mieux respectés. Il en est une, notamment, qui
ne parait pas avoir été assez remarquée : c’est une Victoire faisant
partie de ce magnifique ensemble de trois mille figures qui se
déroule sur le fut de la Colonne Trajane à Rome. Elle rappelle d’une
manière frappante une Victoire en bronze découverte à Brescia, qui
doit avoir tenu également un bouclier3, et aussi une Vénus trouvée
au théâtre de Capoue, dont l’attitude présente une analogie souvent
signalée avec celle do la Vénus de Milo. 1 2

1. M. Ravaisson pense que le bras droit de la Vénus était relevé et n’admet
pas quelle saisit de la main droite le bras de Mars. Je ne me crois pas autorisé
à insister ici sur d'autres divergences, M. Ravaisson ayant seul qualité pour le
faire. Le plus grave défaut de la tentative de M. Zur Strassen, c’est qu'il a tourné
arbitrairement vers la gauche la tête de sa Vénus.

2. Le bouclier actuel a été ajouté par un restaurateur.
 
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