Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

trera l’importance de cette réunion d’objets d’art sévèrement choisis.
Le souvenir de cette partie de l’œuvre de Piot ne disparaîtra donc
pas. Je me bornerai à dire que les meilleurs maîtres italiens y sont
toujours représentés. On y trouvera une belle madone en terre cuite
émaillée de Luca délia Robbia, une autre madone émaillée d’Andrea,
une très remarquable coupe de bronze du travail de Padoue ou de
Venise, un bas-relief en cuivre repoussé de travail vénitien, qui n’est
pas sans analogie avec la composition des bronzes de l’autel de San-
Zeno à Saint-Marc, un bas-relief en marbre signé de Baccio Bandi-
nelli, un profil en marbre d’empereur romain, sculpture du nord de
l’Italie, une statuette de la Foi en marbre de l’école milanaise, deux
petits bustes d’enfants de cette suite d’œuvres attribuées à Desi-
derio da Settignano; enfin les deux enfants de bronze que Piot
montra en 1878 au Trocadéro et qu’il a décrits ainsi : « Deux génies
pyrophores, deux anges destinés à porter des candélabres également
de bronze exposés dans la vitrine n° 8 (c’était la sienne) sont du
meilleur temps de l’artiste (Donatello) et rappellent par leur facturo
et leurs dimensions la belle frise d’enfants chantants et dansants qui
servait de balustrade au grand orgue de Santa-Maria del Fiore. Les
tètes couronnées de fleurs ont cette expression do gaîté expansive
qui lui est familière. L’adaptation des ailes aux épaules est faite avec
beaucoup de goût, de la façon la plus ingénieuse et la plus nouvelle.
Exécutés pour être vus de loin, le modelé manque de précision dans
quelques parties, mais c’est évidemment avec intention. L’artiste
qui voulait donner l’idée d’un mouvement très vif eût diminué cette
sensation en accusant trop les détails. »

Il ne faut pas oublier de rattacher à ces œuvres de la plastique
occidentale une très belle suite de plaquettes do bronze et do médailles,
ainsi qu’une série do pièces fort intéressantes de la majolique italienne,
et hispano-moresque ou hispano-arabe, comme Eugène Piot voulait
qu’on l'appelât, et quelques pièces splendides du travail du métal on
Orient.

Nous avons insisté, comme nous le devions, sur ce qui forme le
caractère saillant et l’originalité de Piot, c’est-à-dire sur le renou-
vellement de la curiosité par l’introduction do la plastiquo italienne
dans la composition des cabinets d’amateurs. Il s’on était expliqué
lui-meme, quoique trop discrètement, puisque son apostrophe aux
curieux a passé inaperçue, quand il a dit, en 1878, on parlant dos
collections antérieures : « La sculpture favorite du moment no dépas-
sait pas les dimensions des groupes do terre cuite do Clodion dont les