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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0448

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EUGÈNE PIOT.

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teintes rosées faisaient un heureux contraste avec les émaux de
Limoges, les faïences de Palissy, l'orfèvrerie d’Augsbourg et les
ivoires de François Flamand. Les temps sont bien changés. Toutes
ces préciosités sont arrivées à des prix véritablement énormes, tandis
que des productions d’un ordre plus élevé sont restées abordables. De
là une nécessité de se créer des voies nouvelles, qui a, je crois,
contribué pour beaucoup au succès de la sculpture, malgré ce qu’elle
a d’encombrant. La compréhension a été difficile d’abord : le génie
ne livre pas facilement ses secrets. C’est une langue nouvelle avec
laquelle il a fallu se familiariser; mais, une fois cette difficulté
franchie, les jouissances ont été si vives que nul ne s’y est refusé. Le
cadre de beaucoup de nos collections s’est élargi et aussi celui de nos
connaissances. Les belles terres-cuites émaillées de Luca délia Robbia
sont, je crois, les œuvres qui ont le plus contribué à opérer cette
transition du goût. Leur éclat, qui les a fait rechercher d’abord, a
servi de pont où sont passés ensuite les marbres et les grands
bronzes. »

Piot avait parfaitement raison. C’est par la faïencerie que l’art
adorable de la primitive Renaissance italienne s’est glissé furtivement
dans nos cabinets d’amateurs, entre les poteries de Palissy et les
écuelles rouennaises. Le faïencier Luca de Florence avec sa boutique,
le boccalojo Raphaël d’Urbin et ses compagnons d’atelier ont pu, sans
effaroucher personne, pénétrer dans les vitrines les plus défiantes,
dans les milieux les moins ouverts aux idées nouvelles. Une fois
installés dans la place, ils ont appelé à la rescousse leurs plus illustres
compatriotes et contemporains. Ils ont fini par expulser tous les
premiers occupants et faire partout régner despotiquement l’Italie de
la grande époque. Le niveau moral des collections particulières a été
par là singulièrement relevé.

Mais ce serait une erreur de croire que Piot n’ait pratiqué avec
succès qu’un seul genre de curiosité, celui de la plastique italienne.
Avant même d'aller en Italie, il avait visité l’Espagne avec Théophile
Gautier. Il en avait rapporté des peintures et des faïences. Après
l’Italie et l’Espagne, il parcourut la Grèce, la Syrie et l’Egypte et,
dans ce vieux sol de l’archéologie classique si fréquemment fouillé et
si savamment exploré, il sut découvrir des filons encore ignorés ou
peu exploités. Piot, sur ce terrain nouveau pour lui, se montra encore
à l’avant-garde. Il recueillit un des premiers des figurines deTanagra
avant que ces fragiles monuments encore couverts de la poussière de
la fouille n’aient été retouchés et repeints. Il fit main-basse sur de
 
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