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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0451

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414

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

le cai’actère et parfaitement défini les qualités qui sont celles d’un
autre âge et qu’on chercherait quelquefois en vain dans l’école ita-
lienne transformée par le terrible génie du sculpteur de Jules II.
« Un très grand sentiment de la réalité, dit-il, est répandu dans
son ensemble, et quelques parties, celles qui entourent les yeux, par
exemple, sont d’une précision de détails et d’une morbidesse de touche
qui ne laissent point douter un instant de la présence du modèle
vivant au moment où le portrait a été exécuté. Le bronze, en lui-
même, est sorti du moule avec l'apparence de la cire sur laquelle il a
été coulé, et il en est sorti sans avoir besoin de retouches. » Ajoutons
que le bronze possède la belle et épaisse patine noire des fontes des
Ecoles de Padoue et de Venise, pendant la première moitié du
xvie siècle.

Forcé cependant, par des raisons d’ordre chronologique, de limiter
ses recherches dans l’entourage immédiat de Michel-Ange, voici à
quelles conclusions provisoires s’arrêta Piot, guidé qu’il était par
une très ingénieuse hypothèse développée dans la Gazette clés Beaux-
Arts en 1878 1 et qu’on peut ainsi résumer. Pendant la dernière
période de sa vie, après la mort d’Urbano, Michel-Ange avait auprès
de lui, comme serviteur, Antonio del Franceze. Son nom indique
son origine. Il est peu connu et parait n’avoir pas été sympathique
aux derniers amis de l’illustre maître qui l’ont passé sous silence.
Le serviteur d’un artiste, à cette époque, en Italie, était le compa-
gnon de sa vie privée... Telle fut la position d'Antonio, pendant vingt
ans, auprès de Michel-Ange. Urbano était sculpteur, Antonio aussi
devait être artiste. Son père, célèbre menuisier, avait travaillé pen-
dant longtemps, sous la direction de Michel-Ange, à l’exécution du
petit modèle en bois de la coupole de Saint-Pierre. A la mort de son
maître, Antonio paraît avoir hérité d’une partie de ce qu’il possédait
à Rome, tout au moins de ce qui garnissait sa maison et son atelier
et plus précisément de son buste de bronze qui est resté inconnu
même de Léonardo Buonarroti, qui avait un très vif désir de posséder
un buste de son grand parent. En 1570, six ans après la mort de
Michel-Ange, le duc d’Urbin, qui en avait entendu parler, le fit
demander par son ambassadeur à Rome. Il reçut d’Antonio del
Franceze la réponse suivante : « La tête pour laquelle Votre Altesse
me fait écrire est lé vrai portrait de Michel-Ange Buonarroti, mon
ancien maître. Elle est de bronze, dessinée par lui-même. Je la

I. 2e période, tome XVIII, p. 598.
 
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