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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0453

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EUGÈNE PIOT.

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possède ici, à Rome, et j’en fais présent à Y. E. etc... » Tout cela est
très digne d’ètre pris en considération. Mais la qualité de sculpteur
reste à prouver pour Antonio del Franceze et aussi l’identité entre le
bronze qui nous occupe et celui qui fut donné au duc d’Urbin en 1570.
La question n'est donc pas résolue.

Piot, d’ailleurs, dans son catalogue de 1864, avait ouvert une
autre voie aux recherches et proposé subsidiairement une attribution
possible qui n’a rien d’invraisemblable a priori et qui témoigne
même de la sincérité et de la profondeur de ses observations sur le
style des grands maîtres de la Renaissance classique italienne. Il
était, lui aussi, très troublé par cette sculpture dans laquelle le
caractère colossal, grandiose, idéal, mais souvent trop voulu de la
manière habituelle de Michel-Ange, est tempéré et presque effacé par
un sentiment particulier de franchise et d’émotion en face de la
nature. Il avait cherché avant Michel-Ange et à côté de lui. Il
chercha encore après lui, et le nom de Ricciarelli lui vint nécessaire-
ment sur les lèvres. « Peut-être aussi, » dit-il, « ne devons-nous y
voir que l’œuvre de Daniel de Yolterre, mentionnée par Vasari.
Daniel de Yolterre, sculpteur aussi habile que célèbre peintre, fut
l’ami de Michel-Ange pendant les dernières années de sa vie et le
compagnon de ses derniers travaux. »

En ce moment où la période des candidatures à la paternité de
cette belle œuvre d’art n’est pas encore fermée, je ne voudrais
même pas voir écarter le nom de Jean de Bologne et le souvenir de
son école. On sait que l’ouverture de l’atelier de notre grand compa-
triote constitua un temps d’arrêt dans la rapide décadence italienne.
Le bronze retrouva un instant dans ses mains et surtout dans celles
de son élève Pietro Tacca la souplesse, la vérité et l’éloquence sans
déclamation qu’il avait connues au commencement du xvie siècle. Et
puis, pourquoi abandonner définitivement l’hypothèse de 1 interven-
tion personnelle du maître dans cet incomparable portrait? Pouvons-
nous nous vanter de connaître à fond la sculpture en bronze de
Michel-Ange? Une fatalité a fait disparaître tout ce que le bronze
avait conservé de l’empreinte directe de sa main sur 1 argile, ’loute
une longue période de son génie ne se traduit à nos yeux que par
des marbres et encore que par des marbres non terminés pour la
plupart, et dans lesquels la face humaine n’est qu’épannelée provi-
soirement. Il n’y a pas si loin, après tout, entre le rendu avec plans
multipliés de cette tète et le parti pris encore naïvement naturaliste
du beau corps de la statue du Crépuscule, si vivante sur les tombeaux
 
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