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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0457

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EUGÈNE P10T.

419

défini le caractère de l’expression esthétique : mélancolie profonde,
largeur de style, absence de tout naturalisme trop étroit *. Ce grou-
pement provisoire d’œuvres similaires et anonymes a été depuis
accepté par la science, enrichi, étendu et confirmé par de nouveaux
rapprochements1 2. Mais, entre le double courant siennois et florentin
dont je signalais l’existence dans notre sculpture, sous le patronage
commun de Donatello, l’hésitation où j’en étais resté en 1881 ne peut
pas se prolonger. Dans mon classement provisoire, dans l’analyse et
l’évaluation d’influences divergentes, je reconnais qu’entraîné par la
présence à Sienne du bas-relief de la porte du dôme, j’ai trop penché
du côté siennois. La critique allemande, dont la loyauté et la cour-
toisie égalent l’indépendance, a démontré que j’avais exagéré
l’importance du coefficient siennois. Cela est vrai. La grande Madone
du Louvre relève avant tout de l’influence de Donatello et de
Michelozzo. Le vrai point de départ du style particulier à tout le
groupe est la figure de femme du bas-relief en bronze du Santo, à
Padoue, représentant le Miracle de la parole donnée à un enfant
nouveau-né pour justifier sa mère.

La Madone du cabinet Piot vient se classer d’elle-même dans le
groupe d’œuvres que j’ai constitué en 1881, que l’érudition allemande 3
a singulièrement éclairé et élargi, non loin du beau stuc de la Ci'èche
acheté récemment à Venise par M. Edouard André, et dont le Musée
de Berlin possède une variante inférieure, tout près aussi du tondo
de marbre de la porte du dôme de Sienne. Elle occupera, dans cette
série d’ouvrages, un rang très honorable. Quand on la verra au
Louvre, dans la salle de Michel-Ange, à côté de notre Madone achetée
en 1880, on jugera si ce rang doit être le premier. La Madone du
Louvre est proclamée et universellement reconnue par les critiques
étrangers comme la plus belle de toutes les sculptures de la série 4.
Ce n’était malheureusement pas, je dois l’avouer, le sentiment de

1. Voyez Gazette des Beaux-Arts, mars 1881, 2e période, tome XXIII, p. 198 et
suiv.

2. W. Bode, llalieuische Bildliauer der Renaissance, Berlin, 1887, in-8°. — Hugo
von Tseliudi, Donatello e la critica moderna, 1887, in-8°.

3. W. Bodc,.llalieuische Bildliauer der Renaissance, p. 40 à 45. — Hugo von
Tschudi, Donatello e la critiea moderna.

4. Voyez W. Bode, llalieuische Bildhauer der Renaissance, p. 40. — Hugo von
Tschudi, Donatello e la critica moderna. Ces deux auleurs se complaisent il exalter
la souveraine beauté de la Vierge du Louvre et sa prééminence sur toutes les
œuvres similaires. M. de Tschudi l'appelle « il meraviglioso basso rilievo in terra
cotla dipinta del Louvre ».
 
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