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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0458

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420

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Piot qui désapprouva très bruyamment l’acquisition du Louvre
et inspira une campagne de presse destinée à l’empêcher \

En somme, sauf sur ce dernier point, mon opinion se rapproche
beaucoup de celle de Piot. Pour moi, l’œuvre léguée au Louvre a été
conçue dans l’atmosphère d’art où vivait Donatello, dans son école
et incontestablement sous son influence, vraisemblablement dans
son atelier. Mais je ne me crois pas le droit, à présent, d’afflrmer
davantage. C’est déjà faire un bien grand éloge du chef-d’œuvre. Je
désire avant tout réserver la liberté de penser de l’avenir. Je ne veux
rien avancer au delà de la limite où ma conviction s’arrête et ne
point imiter tous ces livres qui imposent à la conscience publique
tant d’opinions, dont la conscience de l’auteur lui-même n’est ni
intimement, ni personnellement, ni directement pénétrée.

III. — Saint Christophe par Lorenzo Vecchietta. Statue en bois.

Le saint, debout, le bras'droit appuyé sur un bâton et vêtu, d’une
courte tunique attachée par une longue ceinture pendante, accomplit,
dans la posture consacrée par l’iconographie religieuse, le passage
du fleuve raconté par la légende. Son divin fardeau est actuellement
absent. Mais un trou profond visible sur l’épaule gauche, témoigne
de la présence originelle d’une figure de l'Enfant Jésus et de l’exis-
tence du groupe complet conformément aux traditions. La statue a
été achetée à Sienne, en 1858.

Lorenzo Yecchietta, qui vécut de 1412 à 1480, fut à la fois
orfèvre, sculpteur, architecte et peintre. Il unit, a fort bien dit
Burckhardt, « le fini du travail à la profondeur de l’expression. Ses
figures revêtent ordinairement une étude prodigieusement conscien-
cieuse de la nature i 2. » On ne trouve pas, sans doute, dans le Saint
Christophe tout le maniérisme réaliste dont Yecchietta a fait ostenta-
tion dans le Christ ressuscitant de l’hôpital de Sienne et dans le
tombeau de Marino Soccino. Mais les mains amaigries, naturalistes
et exagérément nerveuses, rappelent absolument la facture habituelle
du maitre, dans les extrémités qu’il donne à ses figures. De plus, les
mains du saint Christophe, la tête, ainsi que la ceinture et le mouve-

i - « 11 ne faudrait pourtant pas que nos trouvailles consistassent ù debarrasser
les marchands de leurs fonds de magasin, car... les amateurs ont tous vu et refusé à
Florence cette fnmeuseterre cuite polychrome (L'Intransigeant du 28janvierl881) »
L’article a été, sinon dicté, au moins revu et corrigé par Piot.

2. Burckhardt et Bodc, Dec Cicerone, tome II, p. 380.
 
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