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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0460

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422

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Nous pouvons au contraire faire rentrer avec certitude le bas-
relief dans une série d’ouvrages très faciles à déterminer et émanant
tous plus ou moins de la prodigieuse fabrication industrielle dont la
Lombardie et la Ligurie furent alors le théâtre. Nous aurons pro-
chainement l’occasion, dans notre cours de l’école du Louvre, de
recomposer en détail l’histoire de ces ateliers d’ornemanistes qui
couvrirent toutes les villes italiennes du nord, Milan, Pavie, Côme,
Lugano, Bergame, Crémone, Lodi, Plaisance, Brescia, Vérone, Gênes
et les environs de Carrare, d’une profusion de marbres sculptés et
qui se livrèrent même au commerce d’exportation avec la France et
avec l’Espagne. Nous montrerons alors comment cette production,
— secondaire quelquefois au point de vue du talent, mais d'une
incroyable fécondité, pratiquée qu’elle était par la nombreuse et labo-
rieuse population des lacs milanais, — propagea et vulgarisa partout
le goût de la Renaissance classiqùe dont elle possédait bien plus la
lettre que l’esprit. On verra que c’est à ces infatigables agences de
tailleurs de marbre qu’appartenaient tous les copieurs acharnés de
médailles et de plaquettes de bronze, tous les fabricants de baies
historiées, destinées aux constructions publiques et privées, tous ces
entrepreneurs dé décorations d’édifices religieux, qui alimentèrent la
richesse et la prodigalité de l’architecture lombardo-vénitienne pen-
dant les dernières années du xvc siècle et les premières du xvie.

Il me suffira aujourd’hui d’indiquer à quel groupe précis se
rattache l’auteur du bas-relief de la vie de sainte Anne. Dans ce
milieu milanais d’une étonnante activité commerciale, on ne se livrait
pas seulement à la fabrication du marbre sculpté, mais encore à celle
du bois décoré. Des rétables de cette matière, conçus comme l’étaient
ceux du mo}?en âge, surtout comme ceux que la Flandre exportait
aux quatre coins du monde, mais ici exécutés seulement en très bas-
relief, étaient travaillés dans le même style et d’après les mêmes
modèles et par les mêmes mains que la pacotille de marbre. Ils
étaient ensuite peints et dorés. Côme me parait avoir été un des
centres de production. La cathédrale de celte ville conserve un
retable de bois remarquable offrant la plus grande analogie, non
seulement avec la sculpture ordinaire en marbre de l’atelier des
Rodari, de Maroggia, qui construisit et décora le dôme, mais encore
avec le bas-relief de la collection Piot. D’autres spécimens du même
travail et du même style se rencontrent fréquemment dans les collec-
tions publiques et privées, notamment au Musée de Berlin et dans le
cabinet de M. Gavet, à Paris. Le tout provient, à n’en pas douter,
 
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