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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0463

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EUGÈNE PIOT.

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description et l’appréciation consacrées par le donateur à cette
peinture dans le catalogue de la vente de 1864, d’où elle fut retirée :
« N° 218 — Tête de sainte Élisabeth. — Étude peinte en détrempe sur
toile pour le tableau de la Visitation, actuellement au Musée de
Madrid. La tète, grandeur nature, est terminée avec le plus grand
soin. Le col est d’un fini peut-être moins détaillé, mais non moins
expressif; des traits au crayon noir et blanc restent visibles sur le
bas de la toile légèrement frottée. Le procédé de la détrempe a con-
servé au coloris de cette admirable étude un éclat supérieur à celui
des plus belles peintures à l’huile; mais, ce qui est surtout frappant
ici, c’est que la justesse et la fermeté des contours, au lieu de nuire
à l’ampleur et au liant du modelé, le fait paraître plus souple encore
et plus ressenti. Cette tête de sainte Élisabeth ainsi coiffée d’un
turban, paraît avoir été le type favori adopté par Raphaël pour
représenter les vieilles femmes juives. Nous le retrouvons dans la
grande Sainte famille du Musée du Louvre et plus exactement sembla-
ble dans la petite Sainte famille de la même collection, n° 378 ; dans la
composition gravée par Marc Antoine, Dieu ordonnant à Noé de construire
l’arche et dans d’autres œuvres encore. Nous n’insisterons pas sur
l’importance de la peinture que nous venons de décrire. Universelle-
ment admirée par les amateurs, c’est la seule étude peinte, non ter
minée, de Raphaël qui soit arrivée jusqu’à nous. Elle provient de la
famille Oddi, de Pérouse, qui avait rassemblé dans la villa de Sant’
Erminio une belle collection d’objets d’art aujourd’hui dispersée et
très amplement décrite dans le guide de cette ville. »

Telles sont les huit pièces du cabinet Piot qui prendront prochai-
nement place dans les Musées nationaux. Piot ne faisait rien à la
légère. Il a mis quarante-sept ans à méditer l’acte de reconnaissance
et de sympathie qu’il voulait donner à la compagnie savante qu’il
appelait en 1843 « la plus docte assemblée du monde ». Il a dû
réfléchir aussi quelque temps sur le legs pieusement patriotique, sur
le don vraiment royal qu’il destinait au Musée du Louvre. Peut-être,
pendant la longue gestation de cette pensée libérale, les attaques
passionnées et quelquefois injustes qu’il avait dirigées contre le
grand établissement national lui sont-elles revenues à la mémoire.
Au Louvre, on avait pardonné et, si Ton avait oublié depuis long-
temps l’acerbe critique de 1842, de 1861 et de 1881, on se souviendra
toujours du généreux bienfaiteur de 1890.

LOUIS COURAJOD.

III. — 3e PÉRIODE.

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