Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

LA

JEUNESSE DE REMBRANDT
i 6o6-i63 i

(deuxième ARTICLE*)

II

Aimé comme il l’était, Rembrandt ne pou-
vait manquer en rentrant au foyer de famille
d’y être fêté et choyé par les siens. Mais s’il
lui était doux de se voir ainsi accueilli, il
n’entendait pas mener une vie oisive et il
avait liàte de se remettre résolûment à la
besogne. Il avait renoncé à une direction qui
lui pesait; maintenant il devait se suffire,
marcher seul, sans guide et à ses risques. Que
fit-il dès son arrivée à Leyde et quels furent ses premiers ouvrages
au commencement de son séjour? Nous l’ignorons et l’on n’a pu
jusqu’ici découvrir aucune œuvre de Rembrandt antérieure à l’an-
née 1627. Il faut en convenir d’ailleurs, les premiers tableaux que
nous connaissons de lui, — car ce sont des peintures qui portent cette
date, — ne font guère présager les hautes destinées qui l’atten-
daient, ni même le caractère de son talent. Mais, bien que ces
productions un peu hâtives témoignent d’une grande inexpérience,
elles contiennent cependant pour nous de précieuses indications.

Le Saint Paul clans sa prison qui, après avoir fait partie de la
collection Schœnborn, a été acquis en 1867 pour le Musée de Stuttgard, 1

1. Xoy. Gazelle des Beaux-Arts, 3' période, t. III, p. 98.