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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Hymans, Henri: Les maîtres portraitistes du siècle, au Musée de Bruxelles: correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0479

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.

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Vous n’en voudrez point à un Belge de dire, avec quelque fierté, que, parmi les
portraitistes du siècle, son pays a compté et compte encore des maîtres. A côté,
d’une série d’œuvres dont l’intérêt historique constitue parfois le mérite principal,
sinon essentiel, il s’en rencontre ici d’incontestablement brillantes.

Un portrait de Mirabeau, signé Lonsing, réclame une citation particulière Ce
Lonsing était non pas Liégeois, comme le veut le catalogue, mais Bruxellois. Il vint
au monde en 1743 et fit ses études à l’Académie d’Anvers. Charles de Lorraine
l’envoya à Rome où il devint l’élève de Mengs. Il mourut à Bordeaux en 1799. La
peinture ne manque pas d’éclat et constitue, en somme, un des meilleurs entre les
nombreux portraits de Mirabeau.

De Navez, qui fut en Belgique, jusqu’à sa dernière heure, le représentant des
principes de David, l’Exposition montre des portraits où se manifeste parfois un
tempérament de peintre rare à constater dans les pages historiques de l’ancien
directeur de l’École de Bruxelles. Il est incontestable que les portraits de la famille
de Hemptinne et de M. Huart, industriel de Charleroi, se rangent parmi les
œuvres les plus distinguées de l’Exposition.

Dans les portraits de Wiertz — il y en a jusqu’à six à l’Exposition, — la tendance
est plus nettement flamande. Le peintre n’attachait aucune importance à ce genre
de productions, ce qui ne veut pas dire qu’il y fût sans valeur. On y constate même
une sincérité relative, faite pour donner à plusieurs d’entre elles une place très
honorable dans son œuvre. Le portrait du comte Vilain XIIII, par exemple, a des
qualités d’harmonie et de modelé qu’on aurait grand tort de méconnaître.

Wappers, plus fougueux, nous offre quelques surprises agréables. Les portraits
de la baronne d’Hooghvorst et de Mme Rogier, la mère des hommes d’État de ce
nom, remontent à l’époque de la grande vogue de leur auteur et ne sont pas sans
la justifier auprès des hommes de notre génération. Le contingent de De Keyser
est de date plus récente. On a revu avec plaisir le portrait-groupe des jeunes
princesses de Croy et celui du peintre par lui-même, — ce dernier au Musée
d’Anvers. Les Gallait, au nombre d’une vingtaine, sont de valeur inégale. Un
charmant petit portrait du roi et du comte de Flandre enfants, est la réduction
d’une toile détruite dans l’incendie du palais de Laeken. Comme personnages
marquants, il y a le portrait très connu du pape Pie IX (au roi des Belges), celui
du général Lamoricière, de M. Frère-Orban, de M. Emile de Laveleye, de M. Cluy-
senaar, l’architecte des galeries Saint-Hubert, du comte de Theux et de M. Barth
Dumortier, hommes politiques disparus depuis longtemps de la scène du monde.
Je tiens toutefois à signaler comme l’œuvre marquante de l’exposition de Gallait
le portrait en pied de la comtesse de Mérode, daté de 1867. Le modelé en est
irréprochable et la tonalité d’une harmonie chaude, faite pour évoquer le souvenir
de certains Van Dyck de la période génoise.

De Winne, que l’école belge a perdu en 1880, comptait parmi ses meilleurs
portraitistes. Il encourait bien le reproche de sacrifier parfois un peu trop à la
fantaisie de voir des œuvres revêtues par anticipation des tonalités assombries
que l’âge devait leur donner un jour, mais cela n’empêche que la palette n’eût des
séductions multiples. Le Léopold Ier, du Musée de Bruxelles, que nous trouvons à
l’Exposition, le prince Antoine d’Arenberg, M. Firmin Rogier et M. Sanford,
comptent parmi les créations que la Belgique s’honore de voir se produire dans
un milieu d’élite comme celui-ci.

h. — 3e P É H IODE.

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