Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Bibliographie
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0484

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
446

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

groupe le tableau de la vie militaire, politique et sociale de Byzance : tour à tour
défilent sous nos yeux ces soldats énergiques qui si longtemps ont soutenu la
fortune de l’empire, la redoutable infanterie des Varangiens de la garde, les
lourds escadrons cataphractaires, les légères troupes des archers slavesiens, les
corps des Akrites, chargés de défendre la frontière contre les razzias de l’émir, et
les cavaliers trapézites, « véritables hulans de l’an 1000 », auxquels est confié,
dans cette rude guerre des montagnes de Cilicie, le dangereux service des avant-
postes. Puis ce sont les entrées triomphales des généraux victorieux, le pompeux
et solennel cérémonial des couronnements impériaux, les splendeurs des fêtes de
l’Hippodrome et des processions dévotes qui occupent l’existence d’un Basileus
byzantin; c’est le luxe merveilleux des réceptions palatines, des festins d’apparat
offerts par le prince; ce sont les curieux préparatifs d’un voyage impérial et la
pompe étrange et magnifique des funérailles souveraines ; puis, en face de cette
civilisation byzantine, c’est le tableau de la civilisation arabe au Xe siècle; en face
des splendeurs du Palais sacré, c’est la cour élégante et lettrée de l’émir d’Alep,
Seif-Eddauleh. Et sous la plume de l’écrivain ce monde disparu renaît et s’anime
d’une vie incomparable; ces pâles et immobiles figures, raidies et glacées dans la
froide prose des chroniqueurs, reprennent l’énergique ardeur de leurs passions
d’autrefois; ces grands et magnifiques tableaux, à peine visibles dans les sèches
et monotones pages du livre des Cérémonies, se colorent d’un merveilleux éclat :
constamment on sent passer dans ces récits cet amour profond des choses de
Byzance, qui veut à tout prix, sous l’incroyable aridité des chroniques, retrouver
la vie disparue; et plus d’une fois, dans les grands tableaux qu’il évoque,
M. Schlumberger nous donne la sensation présente de la réalité entrevue. Sans
doute quelques-unes de ces évocations sont un peu chaudes de couleur et un peu
montées de ton; la plupart pourtant attestent un rare talent de restitution histo-
rique, une remarquable puissance â voir passer devant ses yeux les images
évanouies de ces époques lointaines : et par là ce livre d’érudition n’est point un
livre fermé aux profanes. La lecture en est infiniment curieuse, intéressante
toujours, souvent passionnément attachante; un grand souffle de vie le parcourt
et l’anime; et toujours le savant a voulu et su faire œuvre d’historien.

Aussi bien les illustrations nombreuses qui accompagnent ce volume achèvent
de mettre sous nos yeux le vivant tableau de ce x° siècle byzantin. Successivement
nous voyons passer devant nous tous les acteurs de ces glorieuses luttes, Arabes
et Byzantins, Busses et Bulgares, guerriers d’Italie et d’Allemagne, Basileis en
grand costume, impératrices en toilette de cérémonie, tels que nous les montrent
tant de beaux manuscrits de l'époque, évangéliaires richement décorés de la
Bibliothèque Nationale, Ménologes du Vatican, psautiers de Venise, et en parti-
culier un beau manuscrit slavon de la bibliothèque du Vatican, et un très curieux
manuscrit arabe appartenant à M. Schefer. Puis ce sont toutes les merveilles de
cet art byzantin du x' siècle, qui multipliait les inventions pour satisfaire le luxe
des Basileis : ce sont les élégantes églises aux façades pittoresques, aux nombreuses
coupoles élevées sur tambour cylindrique, les beaux manuscrits aux splendides
miniatures enluminés parfois par les empereurs eux-mêmes, et où revit encore
le souvenir des traditions antiques, et les tableaux en mosaïque qu’emportait en
voyage la piété des dévots byzantins, et les splendides reliquaires aux émaux
multicolores, et les coffrets d’ivoire où des réminiscences asiatiques se mêlent
 
Annotationen