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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Albert, Maurice: Le salon de 1890 aux Champs-Élysées, [1], Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0498

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456

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

moins empoignante et moins achevée, qu’elle resterait encore une des
plus admirées du Salon. Le Parisien est si friand de scènes militaires,
et elles sont si rares cette année, plus rares encore (c’est beaucoup dire)
que les bons tableaux d’histoire! En revanche, les scènes médicales
et les représentations les moins séduisantes de la vie contemporaine
foisonnent. Jamais on n’a tant illustré les misères et les souffrances
de notre pauvre humanité. Ici M. Bisson nous montre M. X... qui,
sous les yeux de M. Potain, de MM. Guyot, Segond et Planquette,
vient d’être douloureusement opéré parle docteur Guyon. Là, devant
M. Moreau de Tours, dans une salle de la Charité, posent plusieurs
sujets des deux sexes, que fascine et hypnotise un miroir à alouettes.
Ailleurs, c’est un enfant qui a le croup, et, à côté, un ouvrier blessé
qu’on soigne chez un pharmacien. Plus loin, voici une scène de
vaccination, une leçon de manipulations chimiques, etc., etc. Il y a
du talent dans quelques-unes de ces toiles, dans toutes beaucoup de
travail, et infiniment de courage. Mais que la vue en est peu réjouis-
sante!

A ces peintures d’une attristanté réalité il est agréable d’opposer
une œuvre d’une inspiration toute différente, et qui nous emmène
aussi loin que possible des hôpitaux et des pharmacies. Nous sommes
au fond de la mer, où M. Maignan, dont on connaît le talent très
personnel et l’imagination très poétique, fait naître la perle sous nos
yeux, et nous décrit un printemps sous-marin. Car ce n’est pas seu-
lement dans les prés fleuris et sous les frondaisons vertes (voir le
grand tableau de M. Lamy) que le printemps nous dit : « il faut
aimer ». Comme les tigres dans les forêts, les alouettes aux champs
et les hommes un peu partout,

Monstres marins au fond de l’onde

obéissent à la douce loi de nature. Aussi voyons-nous, dans un
paysage invraisemblable, délicieusement bleu et nacré, au milieu de
bêtes et de plantes aquatiques, dont la rigoureuse exactitude trans-
portera d’aise les savants, une perle, c’est-à-dire une jeune Allé, qui
ouvre sa coquille et les yeux sous les baisers d’un fantastique amant.
Ses compagnes, autour d’elle, dorment encore; mais l’éveil est proche.
N’est-ce pas le temps

Que tout aime et que tout pullule dans le monde?

Cette toile, une des meilleures du Salon, caressée avec amour depuis
près de dix ans, prouve une fois de plus que M. Maignan est un peintre
 
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