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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Albert, Maurice: Le salon de 1890 aux Champs-Élysées, [1], Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0508

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466

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

plan, par exemple, ne sont pas en rapport avec ceux du second et
surtout du troisième, avec ce garde national qui regarde le ballon
envolé. Mais ces mêmes personnages sont heureusement groupés et
naturellement campés ; leurs figures sont expressives, et les fonds
bien rendus sont délicatement lumineux. Malgré ses défauts, ce
tableau est plus intéressant et promet plus que d’autres signés de
noms plus connus, que la banale et théâtrale Alsace de M. Schommer,
que le grand panneau froid de M. Henri Martin, et que le grand pla-
fond de M. H. Lévy, représentant La Ville de Paris offrant à la Liberté
triomphante le sacrifice de ses enfants tués en combattant pour elle. Il
paraît que, parmi ces enfants, il n’y avait pas de soldats, ni en 1792,
ni en 1830, ni en 1871, puisque l’élément militaire n’est représenté
que par un casque. Ajoutons que cette peinture aux couleurs sombres
fera bien mauvais effet à la mairie du sixième arrondissement, dans
cette salle dont toute la décoration, déjà en place, est essentiellement
claire et blonde.

Quant à la non moins évidente rareté des tableaux étrangers, il
suffit, pour en comprendre la cause, de connaître l’origine et l’his-
toire de la malencontreuse scission. Presque forcément les artistes
venus du dehors devaient suivre la troupe de M. Meissonier. Or,
c’est là, pour le salon des Champs-Elysées, une perte déplorable,
irréparable. Point n’est besoin d’être très perspicace pour constater
l’envahissement progressif, depuis dix ans, et le triomphe de plus
en plus éclatant des artistes étrangers. Les noms de M. Edelfelt,
de MM. de Uhde, Kroyer, Werenskiold, Israëls, Harrisson, Pearce,
Melchers, etc., etc., sont dans toutes les mémoires, et les yeux
de l’imagination revoient avec un plaisir mêlé de regrets leurs
œuvres si curieuses, si personnelles, si poétiques, si sincères. Eh bien,
aucun de ces peintres n’expose au Salon, cette année; et de tous les
trous béants, ceux-là, à notre avis, si la paix ne se signe pas, reste-
ront les plus difficiles à boucher. Voilà le danger grave, capital. Qui
sait'? C’est peut-être aux peintres étrangers que sera due la réconci-
liation désirée de tous. Si elle se fait sur ces bases, jamais l’hospita-
lité française n’aura été plus noblement, plus libéralement reconnue
et payée.

Pourtant, il faut dire que quelques étrangers n’ont pas encore
abandonné la Société des artistes. Mais il n’en est qu’un dont le nom
soit connu de tous : c’est M. Munkacsy qui, généreusement oublieux
d’anciens griefs, expose, en même temps qu’un portrait que nous
n’aimons pas, la plus grande toile qu’on ait jamais vue au Salon, un
 
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