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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Albert, Maurice: Le salon de 1890 aux Champs-Élysées, [1], Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0509

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LE SALON DES CHAMPS-ELYSÉES.

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plafond commandé pour le Musée de l’histoire des arts, à Vienne, et
représentant, sous forme allégorique, la Renaissance italienne. Et
comme par Renaissance, M. Munkacsy n’entend que l’épanouissement
des arts proprement dits, et, plus précisément encore, de la peinture,
comme il laisse en dehors de son plafond les sciences et les lettres, il
en résulte que tous les grands hommes, choisis par lui pour person-
nifier ce glorieux mouvement, seront des peintres et leurs protecteurs,
Léonard de Vinci, Titien, Raphaël, Paul Véronèse, Michel-Ange,
Laurent le Magnifique, et M. Munkacsy lui-même. Beaucoup de nos
lecteurs ont vu cette grande toile, ou croient l’avoir vue. Pour moi, je
demande la permission d’attendre qu’elle soit en place et que j’aille
à Vienne. Je ne la comprends pas mieux dans son ensemble et son
architecture, que je ne comprendrais le plafond de la chapelle Sixtine,
si je le voyais verticalement suspendu à la muraille. Mais pourquoi
donc n’emploierait-on pas, ainsi qu’on l’a fait au Champ de Mars,
le moyen facile d’attacher au plafond du grand salon des toiles
comme celle-ci, qui doivent décorer les voûtes des monuments
publics?

Derrière M. Munkacsy se groupent, assez clairsemés par malheur,
plusieurs artistes étrangers, les uns déjà connus, les autres tout près
de l’être. C’est M. Normann, avec un paysage grandiose, comme tou-
jours; M. Ljuich, avec un bon tableau, En mer, et M. Peel, un Améri-
cain qui s’inspirant de Besnard, comme Besnard s’est inspiré des
Anglais, étudie d’un pinceau délicat les reflets (un peu trop rouges)
que la lumière d’un foyer flambant projette sur les corps délicieuse-
ment dodus de deux bébés sortant du bain. C’est aussi M. Herter,
dont la Femme de Bouddha a un caractère étrangement mystique et
réaliste à la fois, et M. Mac-Even qui, tenté par un problème affreu-
sement compliqué, a voulu montrer à nos yeux et matérialiser le
souvenir d’une morte, dont l’image reste toujours présente à la pensée
du pauvre veuf et de sa fille. L’exécution de l'Absente est et devait
être défectueuse ; mais l’idée est poétique, le sentiment sincère et la
tonalité harmonieuse. Ce sont encore MM. Wentzel, Hall et surtout
M. Whistler.

Si mal placé qu’il soit entre des cadres qui l’écrasent, le Noc-
turne en bleu et argent de M. Whistler frappe par son caractère
très particulier, sa composition hardie et heureuse, sa coloration
exquise. Sous un ciel bleu foncé, que le crépuscule abandonne à la
nuit, des spectateurs aux silhouettes noires, groupés sur un débar-
cadère de la Tamise, regardent les lanternes pâles des bateaux
 
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