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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Albert, Maurice: Le salon de 1890 aux Champs-Élysées, [1], Peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0510

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468

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pavoisés et les blanches étincelles des fusées retombantes. Approchez-
vous : il semble qu’il n’y ait rien sur cette petite toile; reculez-vous :
l’impression est des plus vives, des plus poétiques, des plus harmo-
nieuses.

M. Wentzel qui, si je ne me trompe, expose pour la seconde fois
seulement, s’y prend autrement pour nous plaire. Il a sans doute
beaucoup à apprendre : il ne sait pas repousser ses fonds, éclairer
ses intérieurs, distribuer logiquement la lumière sur ses figures;
mais ses Norvégiens, réunis dans une salle pittoresque autour
d’un frugal repas, sont bien groupés; leurs physionomies sont expres-
sives, vivantes et vraies. Voilà un début plein de promesses.

M. Hall n’en est pas à ses débuts, mais c’est la première fois qu’il
attire vraiment l’attention, avec sa Partie de caries, et surtout sa Classe
manuelle, qui nous montre une trentaine de petites Bretonnes assem-
blées dans une grange, et très occupées à tricoter ou à raccommoder du
vieux linge. Un seul regret nous vient. Pourquoi l’artiste, qui donne
à ses figures tant de caractère, qui a su mettre sur les visages de ses
joueurs attablés tant d’expression et des sentiments si variés, a-t-il
si peu découvert les têtes de ses gentilles tricoteuses? Comme on
voudrait enlever à quelques-unes d’entre elles leurs coiffes et leurs
capelines, et les forcer à tourner vers nous leurs frais visages! Car
nous voulons croire qu’elles ressemblent toules aux deux adorables
gamines assises dans le coin de droite. Ces charmants petits profils,
comme aussi les têtes si curieuses de ses marins, prouvent que
M. Hall est surtout un peintre de physionomies. Puisse-t-il, à
l’imitation des grands poètes dramatiques du xvne siècle que préoc-
cupait seule la peinture des caractères, ne pas trop se laisser
distraire par les décors de la peinture des types! Cette grange, si
bien rendue dans tous ses détails, assez banale en somme et peu inté-
ressante, malgré le joli rayon de soleil pâle qui se joue sur les murs
et sur les figures, détourne l’attention du joli troupeau enjuponné.
Ce sont là d’ailleurs de légères critiques, et les tableaux de M. Hall,
d’une inspiration si sincère et d'une exécution si personnelle, restent
pour nous deux des œuvres les plus curieuses du Salon.

Si je ne me sentais très au regret d’avoir, non pas négligé, mais
forcément sacrifié, faute de place, des œuvres sérieuses qui sollicitent
la discussion, j’aurais plaisir à retenir mes lecteurs dans ces salles
trop souvent désertes et ces longues galeries mélancoliques, où
s’étagent les pastels, les aquarelles, les gravures, dessins et cartons.
Sans doute il serait facile de constater là, comme ailleurs, la très
 
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