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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Mabilleau, Léopold: Le salon du Champ de Mars, [1]
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484

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Mais, là où il reste absolument original et personnel, c’est dans
la fac ulté d’exprimer et de produire l’effroi par des procédés si élémen-
taires et naïfs qu’on prêterait volontiers quelque magie à son pinceau.
Voyez le tableau intitulé Le Calvaire : cinq femmes vêtues de noir
sont debout dans un lieu vague, les regards fixés au loin, sans doute
sur un Christ caché dans la nuit où s’enfonce l’arrière-plan...

Je parle de traits et de regards, mais c’est pure imagination de
ma part, car, si je m’approche de la toile, je vois que les visages se
réduisent à deux ou trois taches blêmes, ni dessinées ni étalées, des
morceaux de pâte écrasés au pouce, entre lesquels percent les noirs
du fond, représentant la bouche et les yeux selon la place du vide
qui subsiste.

Ici le faire, irrégulier et brutal, ressortit à l’impressionnisme .
mais po urquoi l’effet, au lieu d’être simplement curieux ou fantas-
tique, se résout-il en cette sensation confuse et aiguë qu’Edgard Poë
appelle « la terreur exsangue »? Et ne venez pas me dire que je suis
dupe, en la subissant, d’un artifice de coloriste : je vous répondrais
que je me laisse aussi prendre, en lisant Bérénice et la Maison Usher,à,
des arrangements de mots dont je connais l’astuce. Les procédés
valent juste autant que l’esprit qu’ils manifestent : ceux de M. Ribot
doivent être jugés non en eux-mêmes, mais par rapport au résultat
qu’ils lui servent à produire. La vision de cet artiste est assez ori-
ginale pour qu’on lui accorde, comme on le fait à M. Puvis de
Chavannes, le droit de choisir les moyens qu’il croit les plus propres
à rendre sa pensée. C’est donc à sa pensée que je ferai honneur de
l’impression que sa peinture me cause, et qui est telle que je n’hésite
pas à le mettre au rang des plus puissants artistes de notre temps.

M. Galland occupe une place à part dans notre Ecole : il est presque
le seul peintre qui se soit voué aux travaux de grande décoration. Cet
art si complexe et si fécond, que Raphaël et Michel-Ange ne trou-
vaient point indigne de leur génie, est tombé, de nos jours, sinon
dans un discrédit, au moins dans un abandon tout à fait injustifié.
La fresque d’abord a disparu, remplacée par l’application directe de
la toile sur le mur, qui ne se prête ni aux mêmes effets ni aux mêmes
emplois ; puis s’en est allée la science de l’encadrement et de l’orne-
mentation qui tenait une si grande place dans la peinture antique et
que la Renaissance avait si glorieusement renouvelée. Si l’on veut
se rendre compte de la distance qui sépare les méthodes décoratives
d’aujourd’hui d’avec celles du xvi° siècle, que l’on compare notre
Opéra au Palais ducal de Venise, ou encore telle salle du nouveau
 
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