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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Mabilleau, Léopold: Le salon du Champ de Mars, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0529

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LE SALON DU CHAMP DE MARS.

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Louvre aux simples stanze de la villa Maser. Quelle lourdeur, quel
style écrasé et criard, quelle indigence de formes sous la richesse de
la matière, en face des figures légères et des souples entrelacs dont
la fantaisie d’un Sansovino ou d’unYéronèse illustrait la pierre! On
s’est avisé, depuis une quinzaine d’années, que les vastes murailles
du Louvre de Louis XIV étaient bien froides dans leur nudité ma-
jestueuse, et l’on a entrepris de les recouvrir du vêtement éclatant
et bigarré de la mosaïque. Rien de plus bizarre, à coup sûr, que l’idée
d’ajouter une surcharge hétéroclite à ces nobles voûtes encore
empreintes de la solennité du Grand Roi; on a achevé de rendre
l’entreprise ridicule en se conformant dans l’invention des motifs
aux traditions les plus « poncives » de notre école académique. Les
gens de goût en viennent à espérer que les ouvriers novices, qui ont
concouru à ce travail, n’auront pas su lui donner plus de solidité
que d’élégance, et que l’administration se verra prochainement, —
et une fois de plus, — tirée d’affaire par un accident.

Au moins avons-nous la satisfaction de pouvoir affirmer que les
choses n’en vont pas de même à l’Hôtel de Ville : M. Galland a ima-
giné, pour les salles qu’on lui livrait, une décoration à la fois savante
et hardie qui contentera les plus difficiles. Dans des cartouches in-
génieusement ménagés pour rompre la monotonie des combinaisons
purement linéaires, s’étagent des groupes de caractère franchement
moderne et réaliste, — nullement symboliques, — qui concourent tous
à la Glorification du Travail. Ce sont les divers corps de métiers dont
la représentation formait autrefois la Maison de Ville : orfèvres,
forgerons, verriers, fondeurs. Le détail de cette peinture, dont on
ne nous présente aujourd’hui que l’ébauche, est visiblement subor-
donné à l’ensemble; mais on prévoit qu’elle ne contredira point au
caractère des œuvres connues de M. Galland, par exemple de ces
deux figures de femmes, placées de part et d’autre de la cheminée du
grand salon, et qui représentent la Renaissance des Arts et des Lettres :
le dessin restera clair et simple, la coloration fine et plutôt neutre,
évoquant naturellement l’idée des tableaux de Lesueur.

J’avoue, du reste, mes préférences pour la partie purement orne-
mentale de l’œuvre : que d’ingéniosité dans l’arrangement de ces
festons et de ces guirlandes, de ces médaillons et de ces cadres! Je
ne sais guère que M. Rossigneux qui puisse, dans l’ordre de l’illus-
tration de librairie, rivaliser d’adresse et de bonheur avec M. Gal-
land.

M. Stevens a failli être un grand peintre; ce n’est plus aujour-
 
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