Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Mabilleau, Léopold: Le salon du Champ de Mars, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0535

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE SALON DU CHAMP DE MARS.

491

rigoureux moralistes qui proscrivaient naguère les photographies de
ses tableaux, ont travaillé aussi efficacement à sa gloire que les
épicuriens qui s’en régalaient. Tout jeune, il est aussi célèbre que
s’il avait derrière lui l’œuvre d’un Carolus Duran ou d’un Bonnat.
Peut-être y a-t-il là quelque excès, mais ce n’est pas de ce point de
vue qu’il faut juger son art. La justice nous oblige à reconnaître
que M. Gervex, arrivé de si bonne heure à la réputation et à la for-
tune, n’a cessé de travailler à mieux mériter l’une et l’autre. Il est
peu d’artistes plus heureusement pourvus que lui de dons naturels ;
il n’en est guère de plus énergiques ni de plus actifs. Son exposition
offre une réelle impoi’tance par la fécondité et la variété d’aptitudes
dont elle témoigne.

Le Salon de la République française est une page presque magis-
trale où plusieurs personnages connus se dressent ou se meuvent
avec une rare vérité d’allure et de physionomie. Cependant je pré-
fère à ce groupement un peu artificiel de figures étudiées séparément
le Portrait du peintre par lui-même où éclatent, sans mièvrerie, ses
belles qualités de franchise et de bravoure.

Enfin, M. Gervex est presque le seul des deux cents peintres
rassemblés, cette année, au Champ de Mars, qui ose encore aborder
le nu. Je n’aime pas la figure vautrée et d’une charnosité débor-
dante qu’il nous offre, mais le modelé en est savant et la pâte savou-
reuse.

J’ai quelque scrupule à parler ici de M. Guillaume Dubufe qui se
trouverait peut-être mieux à sa place parmi les artistes que je consi-
dère comme engagés dans une voie de recherches, et que j’ai réservés
pour un prochain article. Mais à laquelle des trois ou quatre écoles
où se groupent les tentatives progressistes pourrait-on le rattacher?
Lien que son grand tableau de la Vierge montre un souci des reflets
et des jeux de lumière qu’on ne lui connaissait pas à ce degré, bien
que ses Vues de Capri soient d’une intensité et d’une franchise de
facture très modernes, il serait tout à fait inexact de le classer pele-
iaèle avec MM. Besnard, Duez, Montenard et Zorn.

La vérité est que M. Dubufe, tourmenté par l’incessante préoc-
cupation du but à atteindre, a, depuis quelque temps déjà, — depuis
cette année surtout, — élargi et fécondé sa manière, mais que sa
conception de l’art, son esthétique de peintre, ne participe nullement
à cette évolution superficielle. S’il sent aujourd’hui plus profondé-
ment qu’autrefois le besoin d’étudier patiemment, humblement,
ingénieusement la nature, en écartant les suggessious de 1 imagina-
 
Annotationen