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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Mabilleau, Léopold: Le salon du Champ de Mars, [1]
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492 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tion littéraire, il ne s’est pourtant pas remis sans réserve à l’école,
comme tels de ses camarades; cette fois encore, je le retrouve fidèle
à l’idéal qu’une précoce conscience de ses aptitudes et une réflexion
critique rare chez les producteurs, lui ont permis de concevoir. Cet
idéal c’est le style, c’est-à-dire le sentiment et l’expression de l’har-
monie, de la noblesse, de la beauté que comportent certaines actions
et certains types. L’amour du style avait conduit M. Dubufe à la
composition grandiose et décorative dont la Musique sacrée et la
Musique profane, il y a quelque dix ans, hier encore VApothéose des
trois grands poètes de la France ont été les plus remarquables exemples.
Ces vastes panneaux étaient d’un art très relevé mais un peu arti-
ficiel : l’intention y tenait peut-être plus de place que l’exécution.

Il semble avoir compris qu’il peut y avoir autant de dignité
majestueuse et sereine dans une figure isolée et laisséé à son
« milieu » naturel, que dans la transposition romantique ou mystique
des scènes et des personnages. A cet égard, rien de plus intéressant
que ses toiles de cette année où l’idéalisation des types résulte de
l’interprétation seule qu’en donne le peintre, et non des accessoires
dont il les entoure. La jeune femme, tenant un enfant entre ses bras,
qui descend un escalier de pierre fleuri de roses et doré par le crépus-
cule, n’évoque en nous l’idée de la Vierge Marie ni par une auréole
ni par le voisinage d’un petit Saint Jean pourvu d’une croix, ni enfin
par sa ressemblance avec le modèle hiératique que la convention a
adopté, — mais seulement par la douceur de la physionomie, par je
ne sais quoi de religieux et d'extatique répandu tout autour d’elle.

Les études qui ont préparé ce tableau montrent bien que la
volonté de l’auteur est de donner la plus grande justesse matérielle
et sensible aux visions qu’il tire de son imagination. La Rêverie sous
la treille révèle le plus louable effort pour dégager de l’impression
vraie la poésie qu’elle est susceptible de produire, une fois mise en
valeur. Il faut beaucoup attendre d’un pareil état d’esprit.

Un autre artiste qu’obsède visiblement la préoccupation de
« mettre de la pensée dans sa peinture », comme on dit en argot d’a-
telier, est M. Agache. Le tableau qu’il a envoyé cette année a peut-
être un peu trop l’apparence avouée d’une allégorie, mais l’effet
cherché un peu loin est directement obtenu par la clairvoyante
appropriation des moyens plastiques à la secrète intention de
l’auteur.

Vanitas vanitatum serait un thème banal si M. Agache s’était con-
tenté d’exprimer cette idée en accumulant devant les yeux lassés
 
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