Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

NOTES

SUR

LES XYLOGRAPHES VÉNITIENS

DU XV0 ET DU XVIe SIÈCLES

ous avons, à plusieurs reprises1 *, soutenu que les
marques b, .b., f, l, i, a, etc., qu’on trouve au bas
de tant de bois illustrant des livres des premiers
temps de l’imprimerie vénitienne, ne devaient
point être considérées comme des signatures de
dessinateurs ou de peintres et qu’il était plus que
téméraire de vouloir découvrir dans les illustra-
tions du Poliphile, de la Bible de Mallermi ou de tout autre ouvrage
contemporain, la main de Giovanni Bellini, de Jacopo de Barbarj, de
Benedetto Montagna ou de quelque grand maître de la peinture. Selon
nous, ces lettres énigmatiques ne pouvaient être que des marques de
xylographes et d’ateliers xylographiques ; nous avons, en effet, cons-
taté que les mêmes marques se rencontrent sur des œuvres d’un
dessin absolument différent et de valeur très inégale, et d’autre part
que des morceaux dessinés par la même main portent des signatures
diverses. Selon nous encore, il devait s’être formé à Venise, dans le
dernier quart du xve siècle, une pléiade d’artistes dessinateurs et
graveurs employés à l’ornement des nombreuses publications four-

1. A propos d’un livre à figures vénitien de la fin du xv3 siècle, par le duc de

Rivoli (Gazette des Beaux-Arts, 1886); Étude sur le Songe de Polipltile, par Charles

Kphrussi (Librairie Techener, 1888) et Étude sur les livres à figures vénitiens de la
fin du xv0 siècle et du commencement du xvi°, par le duc de Rivoli (Bulletin du
bibliophile, 1889-1890).