Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

NOTES SUR LES XYLOGRAPHES VÉNITIENS.

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L’art de tailler sur bois avait acquis droit de cité dans les
couvents même; c’est ainsi que le frère Hippolito di pregnachi de
Brescia de l’ordre des Humiliati, exilé de sa patrie, demande
[Mai 1516] un privilège pour deux de ses ouvrages gravés : « Al
présente ha intagliata la Istoria di Sodoma et Gomora cum quella di
pharaone perseguitante el populo de Isdrael » [Collegio Notatorio,
reg. 26, c. 32].

Il y a plus : toute une famille juive est occupée à cette industrie
de la taille sur bois, et obtient (Juillet 1521) sans peine un privilège
du Conseil des Dix : « Havendo io Moyse hebreo del Castellaro affa-
ticatomi gia molti anni in questa vostra inclyta cita in retrazer
zentilhomeni et homini famosi azio che de quelli per ogni tempo se

habij memoria ». Il expose ensuite que, chargé de famille et déjà

vieux, il a imaginé un moyen de subvenir à ses besoins et à ceux des
siens : « Io ho fatto intaiar a mei floli de sua mano tuti li cinque
libri de Moyse in figura commenzando da principio del mondo de
capitolo in capitolo, dichiarati in piu lingue la signification et il
tempo de una etade a l’altra, et cusi faremo piacendo a Dio tuto il
resto del testamento vechio ad inteligentia de tuti, cosa che sara
Documento et atutimolto fruttoso » [Capi del Consiglio dei Dieci, Nola-
torio 5, c. 121].

Tous ces artistes ou artisans en gravure sur bois, très nombreux
à Venise, si l’on en juge par l’énorme quantité de livres qu’ils ont
illustrés, signent leurs œuvres de ces modestes initiales b, .b., f, i,
L, etc., que nous avons bien des fois relevées. Très rarement on ren-
contre un nom entier. Toutefois dans les Ouidij Nasonis Espitole,
imprimées à Milan par T. A. Scinzenzeler, 1514, on lit sur une mau-
vaise copie d’un bois d’une édition vénitienne de 1513 (Ovide entre
quatre personnage écrivant), les deux marques I. O. L. et Johannes de
Legnano, la première sur un pupitre placé à gauche, la seconde sur
un pupitre à droite 1.

Dans un livre de Corvus : Excellentissimi et singularis viri... [Venise,
chez Georgius de Rusconibus, 1520, petit in-8° gothique orné de
158 vignettes], se trouve, au bas de la gravure en bois du recto, Aij.
Malio da Trcviso F., inscrit sur une tablette.

Les deux frères Vavassore, Zoan Andrea et Florio dont nous par-
lerons plus longuement ici même, signent, le plus souvent, de leurs

I. Nouvelle preuve que ces sortes de signatures sont celles de graveurs sur bois
et non de dessinateurs. Un dessinateur n'aurait pas apposé sa double signature au
bas d'une copie et d une copie des plus médiocres.