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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 7
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0551

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FRANÇOIS RUDE.

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drait, sans son aveu, la moindre détermination. Une de ses réflexions
ordinaires est : « Voilà ce que pense Mme Rude », et toute discussion
devient superflue; ou bien : « Nous verrons ce que dira Mme Rude »,
et les avis restent ouverts. Sitôt qu’il prononce les syllabes de son
nom, sa physionomie s’éclaire. De temps à autre, au cours des jour-
nées, il monte la voir, un instant, dans son appartement, au second
étage, où il la trouve cousant, écrivant, dessinant ou peignant à
petits coups de pinceau, son modèle en face du jour, au milieu de la
pièce et son chevalet, tout contre la croisée. La matinée appartient
aux soins du ménage, dont elle s’acquitte bravement, aidée par une
ouvrière du quartier, qui remplit également les hautes fonctions du
cordon-bleu. L’après-midi, la peinture réclame ses droits. Sur le
soir, viennent assez souvent quelques visiteuses comme Mrae Roman,
la femme du statuaire, M'ne Drolling fils, la femme du peintre, et
Mme Louis Dietsch, la femme du musicien. Plus rarement, Mme Rude
voit apparaitre sa belle-sœur Françoise qui vit, à Paris, dans une
situation précaire et ne se montre chez son frère qu’à l’improviste et
à la dérobée, comme si elle avait à cacher une faute. Le maître ne
s’attarde guère aux menus propos, mais, à chaque fois qu’il entre,
il jette un regard sur la toile ébauchée. Rien ne lui est plus à cœur
que le talent de peintre de sa femme. Avez-vous oublié qu’elle a
reçu les leçons du grand David et les éloges de l’illustre Gros? Il se
plaît à le rappeler en toute circonstance. Puis, souvenez-vous que,
mari et femme, ils ont fait carrière côte à côte,la main dans la main,
A Tervueren, où il sculptait Achille et Méléagre, elle peignait les
neuf Muses. Lorsqu’ils sont venus à Paris, en 1827, elle avait apporté
un portrait à mi-corps de sa sœur Victorine, avec l’intention de
l’exposer. Au dernier moment, un scrupule l’envahissait; elle n’osait
plus... Mais l’ami Roman a parlé et, bon gré mal gré, le portrait a
figuré au Salon, où il a obtenu le suffrage de M. de Forbin et de plu-
sieurs artistes. En 1831, Mme Rude envoyait au Louvre une Sainte
Famille à la Vierge endormie. A l’exposition suivante, en 1833, tandis
que le Petit pêcheur de son mari émerveillait les connaisseurs, son
tableau des Adieux de Charles Ier à ses enfants, lui valait une médaille
de seconde classe. « Mon tableau a été compté comme un des meil-
leurs du Salon, écrivait-elle; tout le monde s’étonne qu’on ne l’ait
pas acheté. » Ce refus d’achat, de la part de l’Administration, a trou-
blé Rude en sa joie de statuaire acclamé, honoré de toutes les récom-
penses. Hélas! le chagrin se renouvelle toute sa vie sans qu’il croie
devoir le combattre par aucune démarche : on n’a pas acheté la
 
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