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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 7
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0552

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508

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Vierge endormie plus que les Adieux de Charles 1er; on n’achètera pas
davantage l’Entrevue de M. le Prince et de Mademoiselle de Montpensier
au Salon de 1836, et, au Salon de 1841, la Révolte de Bruges \ En
regagnant son atelier, le sculpteur ne peut s’empêcher de grommeler
qu’on est injuste... La vérité est que Mme Rude, femme excellente et
vaillante, a, comme artiste, du savoir et de l’adresse sans tempéra-
ment, un dessin correct, une facture sèche, une couleur terne peu
d’accord avec les sujets romantiques qu’elle prétend traiter. 11 lui est
arrivé de signer de bons portraits d’aspect froid, de pâte maigre, mais
non sans caractère, — nous l’avons reconnu. Pour ses tableaux, ils
ont tout l’ennui de compositions romantiques rendues classiquement.

L’auteur du Départ des Volontaires n’a jamais eu l’ambition de
l’argent. Toutensemble éminemment désintéressé et très économe,
il se voit, à la fin de 1836, en possession de douze cents francs de
rente, épargnés en grande partie sur le prix de ses travaux de l’Arc.
Son haut-relief, par exemple, a été payé soixante-quinze mille francs,
exécution comprise. Ayant le bras fort, une renommée faite et la
certitude de gagner son pain, la petite réserve qu’il s’est ménagée
assure son indépendance. Il ne lui en faut pas plus pour se déclarer
satisfait : seulement, n’attendez pas qu’il se réjouisse à la façon
commune. C’est le tour de son esprit, son besoin, sa manie de justi-
fier ses sentiments par des considérations philosophiques, — et c’est
encore, à ce qu’il me semble, un trait tout plébéien que cet abus de
la raison démonstrative, constamment étalée.

L’homme de culture ancienne a le coup d’œil prompt, discerne le
vrai et le faux des choses et conclut d’un mot ; l’homme sans tradi-
tion a moins de souplesse, craint de s’égarer, se complaît à se prouver
à lui-même et à prouver aux autres qu’il ne s’égare point. Écoutez
s’expliquer Rude sur son propre désintéressement : rien de plus
honnête et de plus noble, mais, sous un ton de bonhomie, rien de moins
élémentaire. Il ne peut même pas résister à la tentation de mêler
ses lectures à ses intimes déductions. « Je n’ai pas encore rencontré,
dit-il, de riches se jugeant assez riches et l’on n’en a guère vu en
aucun temps, s’il faut en croire les écrits des Anciens. Pourquoi
désire-t-on les richesses, sinon pour arriver à cet état de contente'-

■1. Les tableaux de Mme Hudc dont il s’agit iei, à l’exception des Adieux de
Charles Ier, dont j’ignore le sort, sont tous revenus au Musée de Dijon : la 'Récolte
à Bruges, en 1849, par achat de la ville; la Sainte Famille par don de l’auteur,
en 4839 ; l’Entrevue de M. le Prince et de illlc de Montpensier, par legs de Mmo Fabre,
née Françoise Cabet, en 4870.
 
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