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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 7
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0554

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510

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

vite en ce bas monde, incessamment renouvelé ! Il s’éloigne déjà de
la cinquantaine, ce Rude en qui nous sommes tentés de voir encore
un jeune homme; trente ans se sont écoulés, depuis sa première
arrivée à Paris, dans un tumulte d’événements à peine explicables ;
il a vu l’énorme apogée de l’Empire et son lamentable écroulement ;
il s’est dévoué à l’exil par vertu de cœur, pour reconnaître les bien-
faits d’un homme ; il a subi le choc de révolutions précipitées, senti
s’exaspérer le vent tragique qui ballotte, bouleverse et transforme
les opinions, goûté des bonheurs traversés d’inquiétudes et payés
d’amertumes, conquis l’illustration, gagné le repos et il lui semble,
maintenant, que toutes ces orageuses destinées se sont accomplies
comme dans une nuit de rêve. De ses parents, des amis de sa jeu-
nesse, presque tous sont morts. Le dernier, le plus cher de ses
camarades, Louis Roman, a succombé, le 10 février 1835, âgé de
quarante-trois ans, à une maladie horrible. Ses familiers, aujour-
d’hui, sont Victor Jacotot, le fils de l’inventeur de la Méthode univer-
selle retiré, depuis 1830, à Valenciennes; Michel Drolling, peintre et
membre de l’Institut, prix de Rome de 1810; Camille Bouchet, bour-
guignon d’origine, très féru du pays natal ; Louis Dietsch, de Dijon,
professeur à l’École de musique religieuse fondée par Niedermeyer
et maître de chapelle à la Madeleine, appelé à devenir chef d’or-
chestre à l’Opéra De Victor Jacotot, adonné à l’enseignement comme
son père, le maître goûte la verve originale, encore que fumeuse,
au service d’une émotion pleine de mirages. Avec Drolling, dont il
apprécie l’esprit et le caractère plus que le talent d’un fade acadé-
misme, il s’entretient de l’Italie. On se laisse aller à maintes digres-
sions démocratiques, Drolling a été, jusqu’en 1830, un des membres
actifs de la Charbonnerie, de môme que son ami Àug. Schcffèr, devenu
aussi l’ami du sculpteur. Si ce dernier ne s’est point trouvé affilié,
à son œuvre, à la légendaire société secrète, c’est à raison de ses
attaches bonapartistes par trop avérées 1 2. Ce qui a fait la sympathie
de Rude pour Camille Bouchet, c’est sa droiture allègre, son bon

1. Louis Dietsch, né à Dijon le 17 mars 1808; a composé vingt-cinq messes,
écrit de nombreux ouvrages didactiques, donné, le 0 novembre 1812, à l’Académie
royale de musique, un opéra en trois actes, le Vaisseau fantôme, sur un livret imité
du poème de Richard Wagner ; chef d’orchestre à l’Opéra de 1800 à 1803; mort ii
Paris, le 25 février 1863.

2. Je dois ce renseignement à M. Étienne Arago, ancien représentant du
peuple, ancien membre de la Charbonnerie, aujourd’hui conservateur du Musée
du Luxembourg.
 
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