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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Hymans, Henri: Pierre Breughel le Vieux, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0041
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34

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

soucis. Notez que s’il se nourrit de pain noir, c’est qu’il lui est
défendu, toujours de par les édits impériaux, d’en manger d’autre.
On dirait que le rire n’a point de prise sur ces visages rôtis par le
soleil que signalait déjà Yan Mander et où l’incertitude des lende-
mains a si profondément creusé son sillon. Les entretiens aussi sont
graves. Au bout de la table le plus rapproché de nous, un moine
franciscain à face d’ascète aborde quelque sujet évidemment bien
sérieux avec un gentilhomme que signale à la fois son costume et sa
barbe imposante entre toutes ces figures rases. Ne serait-ce point
Breughel jouant son rôle d’investigateur? La chose paraît d’autant
plus vraisemblable qu’il s’agit bien certainement d’un convive
d’occasion ayant fort peu l’air de participer aux joies de la fête L

D’autres épisodes de la noce ont fourni à notre maître des créations
importantes. La composition du Bal reproduite en partie dans la
planche que nous mettons sous les yeux du lecteur, se rencontre au
Musée de Bordeaux 2 avec le titre de Fête de la rosière et l’attribution
à Breughel de Velours; indication d’ailleurs deux fois fautive. 11
s’agit de ce moment de la noce, où parents, amis et simples con-
naissances apportent leur offrande à mai é e. Yan Mandera connu
un tableau de cette espèce, peint à la détrempe et faisant partie
de la collection d’un amateur d’Amsterdam, Guillaume Jacobszoon.
On y voyait un personnage, lequel manque ici, un vieux campagnard,
l’escarcelle au cou, comptant des écus dans sa main. Notre tableau
avait intéressé M. Clément de Ris dans sa visite au Musée de Bor-
deaux. « Bien qu’il soit médiocre, il est original et curieux, dit l’au-
teur. Je ne saurais à qui l’attribuer. Je le crois postérieur à la Fête
de l'archiduc de Vander Venne, du Musée du Louvre, qu’il rappelle
cependant. Peut-être est-il de Breughel le père. » Pas mal deviné.

Sans le moindre doute, la composition est de Breughel et fort
proche d’une autre, datant de la meilleure époque du maître, au

d. Il existe au Musée de Gand une répétition du Belvédère.

i. M. E. Vallet, conservateur du Musée de Bordeaux, veut bien nous envoyer
sur cette œuvre des renseignements précieux. Mesurant en hauteur 40 centimètres,
en largeur 50, elle appartient à la collection du marquis de Lacaze, d’où elle passa,
en 1829, au Musée de Bordeaux. « Ce tableau, dit notre honorable correspondant,
est d’une couleur agréable et brillante, avec prédominance du rouge, du bleu et du
gris clair. Le dessin est correct dans sa naïveté; l’exécution se distingue par un
exlrème finesse, une délicatesse excessive, mais elle est égale, un peu sèche, et n’a
pas l’enveloppe d’un Brauwer ei q : .Je la crois une œuvre originale de

Breughel le Vieux et non une copie. »
 
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