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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 6
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Ephrussi, Charles: Simon-Jacques Rochard (1788 - 1872), 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0502
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

anglais de l’époque, il est question d’un portrait peint par Rochard

La célébrité de Rochard va en grandissant et il devient le peintre
attitré des souverains. En 1834, il fait deux grandes miniatures de
la reine de Portugal; en 1839, pendant le séjour du czar Nicolas à
Londres, il peint six miniatures du grand-duc Alexandre (le futur
Alexandre II), destinées à orner des tabatières en or enrichies de
diamants, d’une valeur de quinze mille francs chacune, distribuées
plus tard aux seigneurs anglais attachés à la personne de l’empereur
de Russie.

Un certain nombre de lettres qui nous ont été confiées par
M. Garnier-Heldewier témoignent encore de cette vogue qui se sou-
tint pendant une trentaine d’années. Tantôt lady Montagu lui
demande trois portraits pour faire pendant à ceux de ses enfants
qu’il avait faits antérieurement; tantôt lord Castlereagh remercie le
peintre de son portrait : « Croyez, lui écrit-il en français, aux
obligations que je vous ai pour votre aimable attention et pour vos
heureux efforts ». Ce même Castlereagh doit assister au mariage de
Mademoiselle Rochard qui épouse un officier de l’armée anglaise.
Tantôt le duc de Devonshire acquitte un payement de quatre portraits,
ou bien encore lady Londonderry envoie trente-cinq livres pour sa
miniature. Coventry (avril 1835) lui écrit en anglais : « Je vous
félicite de la joie de votre flot d’occupations et je suis heureux d’y
être pour quelque chose; j’aurais pu prédire qu’il en serait ainsi. »

On rencontre dans cette correspondance lord Deerhurst, lord
Sussex, lord Lansdowne, lord Lytton-Bulwer, lady Lyndhurst, lady
Holland, lady Harrington. Le peintre Wilkie invite Rochard à mon-
trer ses « beaux ouvrages » (your beautiful works) à un amateur.

Ainsi répandu et apprécié, Rochard, qui avait habité New-Bond
Street au moins jusqu’en 1824, avait pu prendre un plus vaste atelier 1

1. Lettre de Léonor Mérimée à Rochard, 14 avril 1832 :

« Je ne sçais si dans une de mes lettres j’ai fait mention de je ne sais quel
nouveau roman anglais envoyé à Prosper et dont j’ai lu quelques pages. Il était
question d'un portrait peint par Rochard. J’ai jugé par là de votre célébrité et cela
m’a fait plaisir. C’est comme si un de nos romanciers fesait mention d’un
portrait donné par une belle à son amant, il ne manquerait pas de dire qu’il était
peint par Isabey. Continuez, mon ami, de jouir de la faveur du public; mais
souvenez-vous qu’elle est inconstante, et, pour cela, économisez, pour vous
procurer une indépendance qui vous permette de ne plus travailler que pour vous
satisfaire.

« Je vous souhaite bonheur et santé, c’est le vœu constant de votre vieil ami.

« Mérimée. »
 
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