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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 6
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Wyzewa, Teodor de: Le mouvement des arts en Allemagne et en Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0576
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516

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

goût des expressions bizarres et maladives. Elles annoncent à coup sûr un tempé-
rament très excentrique ; la facture, en revanche, est assez peu originale, telle
qu’on peut l’attendre d’un très habile élève de Wolgemuth soumis aussi à
l’influence de Thierry Bouts et des luministes flamands.

Et M. Thode a encore découvert le nom de ce troisième peintre. J1 s’appelait
Wilhelm Pleydenwurff, était fils du maître Hans, et, comme son père, est mort
jeune (en 1494). Élève de son beau-père Wolgemuth, il a été appelé par lui à
exécuter un grand nombre de travaux importants : c’est lui notamment qui, la
chose est connue, a collaboré avec Wolgemuth à l’illustration de la Chronique
universelle de Schedel. M. Thode a séparé, dans cet ouvrage, les gravures de
l’élève de celles du maître ; dans les gravures de l’élève il a reconnu la même main
qui avait peint les principaux épisodes de l’Autel Peringsdorfer.

Ainsi il a pu restituer les noms des trois grands peintres qui, pendant la
seconde moitié du xve siècle, ont tour à tour introduit et développé à Nuremberg
les nouvelles méthodes flamandes. A côté de ces trois grands peintres, il en a
ressuscité une dizaine d’autres, contemporains ou de Hans Pleydenwurff comme le
gracieux auteur de l’Autel Loeffelholz dans l’église Saint-Sebald, ou de Wilhelm
Pleydenwurff, comme le peintre des fresques de Goslar, ou de Dürer et de Hans de
Culmbach, comme le peintre qui a travaillé avec Wolgemuth à la décoration du
maître-autel de Schwabach.

J’avais l’intention, en commençant cette trop longue analyse, de chicaner
M. Thode sur quelques-unes de ses classifications. Mais en vérité il sera toujours
temps de contrôler le détail de ses découvertes; et je serai trop heureux si je puis
avoir en attendant donné à mes lecteurs une idée de l’importance, de l’intérêt et
de la haute valeur de ce travail. Il sera désormais impossible d'étudier les origines
et le développement du génie de Dürer sans avoir d’abord approfondi l’ouvrage
de M. Thode; cette considération suffirait, à elle seule, pour me permettre de
répéter qu’un tel ouvrage est un produit capital de la critique d’art allemande
contemporaine.

Je n’ai plus guère de place, aujourd’hui, pour analyser comme j’aurais voulu
divers autres travaux intéressants, récemment parus. Le plus bel effort des cri-
tiques en renom, d’ailleurs, s’est employé cette année à rudoyer le malhéureux
M. Lautner, qui, au nom de la morale, avait déclaré que les tableaux de Rembrandt
•étaient l’œuvre de Ferdinand Bol. Dieu me garde d’intervenir dans cette affaire,
où mon opinion aurait sans doute l’effet de mécontenter tout le monde. Je me
permettrai seulement de rappeler que, parmi les Bol regardés aujourd’hui comme
authentiques, un grand nombre portaient, il y a encore cinquante ans, la signa-
ture, de Rembrandt. Il est à tout le moins baroque de prétendre que Bol ait eu plus
de génie que Rembrandt; et M. Lautner me ferait voir à l’œil nu la signature de
Bol sur tel des Rembrandt qu’il lui attribue que je continuerais à ne pas admettre
son attribution. Mais ne peut-on pas avouer qu’il y a, entre les diverses manières
de Rembrandt, une ou deux manières plus factices, plus spécialement artificielles,
plus faciles à imiter que les autres : et quand on ajouterait un point d’interro-
gation au nom de Rembrandt, dans l’indication des tableaux qui répondent à ces
 
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