98
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
plus facile de faire sortir sous le manteau que le volume en est moins
considérable. Tout cela est vrai, et cependant il faut reconnaître
que, dans la pratique, Hamdy Bey a su bien des fois atténuer par
une application intelligente les rigueurs de cette loi, qui n’est d’ail-
leurs pas exclusivement son œuvre. Si la pénurie du budget turc ne
lui a pas permis d’entreprendre lui-même des fouilles dispendieuses,
en revanche, les savants, les archéologues étrangers ont toujours
trouvé auprès de lui un accueil libéral et une protection efficace;
il a stimulé par ses instructions, par sa présence, le zèle et la
vigilance des autorités provinciales; il a donné l’exemple, dans les
hautes sphères, de l’intérêt le plus actif pour les choses archéolo-
giques, n’hésitant pas à se transporter lui-même en 1883 à Nimroud-
Dagh, au fond de la Commagène, en 1884 à Pergame, en 1885 à Ægæ
en Eolide, en 1891 à Magnésie et à Lagina. Grâce à cette intervention
incessante, il a préservé bien des œuvres d’art d’une mutilation
imminente dont les menaçaient l’ignorance des populations ou l’avi-
dité des spéculateurs : c’est grâce à lui que les marbres d'Iasos n’ont
pas été murés dans la jetée de .Bebek; c’est grâce à lui surtout que
les sarcophages de Sidon, au lieu d’être dispersés aux quatre coins
de l’Europe ou même dépecés et vendus au détail, ont été conservés,
rétablis dans leur intégrité et réunis comme les membres d’une
même famille, à l’abri des injures du temps et des hommes, dans cet
incomparable pavillon où j’ai passé pour ma part quinze des plus
heureux jours de ma vie.
II
Les lecteurs de la Gazette n'attendent pas de moi, à cette place,
une description des vingt-deux sarcophages qui constituent le
« trésor de Saïda », encore moins une étude approfondie de toutes
les questions archéologiques qui s’y rattachent. Ce double examen
fait l’objet d’un ouvrage spécial, actuellement sous presse *, et pour
lequel le directeur du Musée de Tchinili-Kiosk a bien voulu accepter
ma collaboration. Tout ce que je puis faire ici, c’est de donner une
l. Une nécropole royale à Sidon, par Ilamdy Bey et Théodore Reinach. Un
volume de texte in-4° et un album in-folio jésus de 50 planches environ (Leroux,
éditeur). Le premier fascicule paraîtra le 1er mars 1892; prix pour les souscripteurs,
40 francs, pour les non souscripteurs, 50 francs.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
plus facile de faire sortir sous le manteau que le volume en est moins
considérable. Tout cela est vrai, et cependant il faut reconnaître
que, dans la pratique, Hamdy Bey a su bien des fois atténuer par
une application intelligente les rigueurs de cette loi, qui n’est d’ail-
leurs pas exclusivement son œuvre. Si la pénurie du budget turc ne
lui a pas permis d’entreprendre lui-même des fouilles dispendieuses,
en revanche, les savants, les archéologues étrangers ont toujours
trouvé auprès de lui un accueil libéral et une protection efficace;
il a stimulé par ses instructions, par sa présence, le zèle et la
vigilance des autorités provinciales; il a donné l’exemple, dans les
hautes sphères, de l’intérêt le plus actif pour les choses archéolo-
giques, n’hésitant pas à se transporter lui-même en 1883 à Nimroud-
Dagh, au fond de la Commagène, en 1884 à Pergame, en 1885 à Ægæ
en Eolide, en 1891 à Magnésie et à Lagina. Grâce à cette intervention
incessante, il a préservé bien des œuvres d’art d’une mutilation
imminente dont les menaçaient l’ignorance des populations ou l’avi-
dité des spéculateurs : c’est grâce à lui que les marbres d'Iasos n’ont
pas été murés dans la jetée de .Bebek; c’est grâce à lui surtout que
les sarcophages de Sidon, au lieu d’être dispersés aux quatre coins
de l’Europe ou même dépecés et vendus au détail, ont été conservés,
rétablis dans leur intégrité et réunis comme les membres d’une
même famille, à l’abri des injures du temps et des hommes, dans cet
incomparable pavillon où j’ai passé pour ma part quinze des plus
heureux jours de ma vie.
II
Les lecteurs de la Gazette n'attendent pas de moi, à cette place,
une description des vingt-deux sarcophages qui constituent le
« trésor de Saïda », encore moins une étude approfondie de toutes
les questions archéologiques qui s’y rattachent. Ce double examen
fait l’objet d’un ouvrage spécial, actuellement sous presse *, et pour
lequel le directeur du Musée de Tchinili-Kiosk a bien voulu accepter
ma collaboration. Tout ce que je puis faire ici, c’est de donner une
l. Une nécropole royale à Sidon, par Ilamdy Bey et Théodore Reinach. Un
volume de texte in-4° et un album in-folio jésus de 50 planches environ (Leroux,
éditeur). Le premier fascicule paraîtra le 1er mars 1892; prix pour les souscripteurs,
40 francs, pour les non souscripteurs, 50 francs.