CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.
167
Liège, Namur, Tournai ont formé des Musées d’antiquités et de peinture, s’enri-
chissant de dons particuliers, de trouvailles locales et que le gouvernement serait
mal venu à vouloir leur disputer quoi que ce soit au profit de ses collections à lui,
même en payant.
Et la collection des portraits historiques » pour laquelle le Musée de peinture
doit se dessaisir de quelques-unes de ses plus belles toiles, » serait-il vraiment
admissible qu'après avoir travaillé pendant un demi-siècle à l’accroissement de
notre Galerie nationale, on s’en allât de gaieté de cœur la diminuer d’un de ses
éléments d’attrait actuellement les plus appréciés? Au surplus, comment serait
poursuivie pareille collection? Le gouvernement n’est pas disposé sans doute à
susciter une concurrence à son propre Musée et si quelqu’un s’avise de donner ou
de léguer des portraits de maîtres au Musée royal, à les envoyer purement et sim-
plement au Parc du Cinquantenaire.
Il y aura encore le « Musée » de la numismatique, par le déplacement du cabinet
de la Bibliothèque royale. Mais la numismatique, science auxiliaire de l’histoire,
au même titre que l’iconographie, relève, à de rares exceptions près, des grands
dépôls littéraires dont les éléments sont indispensables à la mise en valeur de ses
éléments. Faire d’un cabinet numismatique un simple Musée, c’est dénaturer abso-
lument son rôle, c’est reléguer parmi les non-valeurs cette somme incalculable de
pièces d’imporlance artistique presque nulle, mais de valeur historique immense
Arrivera-t-il à l’esprit d’un homme de science de prétendre que la valeur d’un codex
manuscrit réside dans ses miniatures, qu’une estampe ancienne ne doive s’appré-
cier que par sa perfection artistique plus ou moins haute?
Un Musée de la nature de celui que nous avons à l’état d’ébauche a pour
premier devoir, comme pour première utilité, de s’adresser â cette foule que les
Anglais appellent lhe million et pour laquelle fut constitué à Londres, en dehors
du British Muséum, comprenant à la fois la Bibliothèque nationale, les anti-
quités, le Cabinet de numismatique et le département des estampes, le Palais de
Cristal de Sydenham, le palais de Bethnal Green, etc. Faire et défaire, c’est tou-
jours travailler, dit le proverbe ; encore faut-il travailler utilement.
11 a été question, plus haut, du Musée d’art monumental. Il s’agit là de ce que
l’on appelle le « Musée des échanges », où figurent jusqu'ici les moulages d’un
certain nombre de créations importantes du pays et de l’étranger. Entre toutes,
une galerie de l’espèce demande à être complétée d’une manière intelligente et
très certainement chaque jour doit l’enrichir. Il appartient à sa direction de
prendre l’initiative de la reproduction, par le moulage, de tous les fragments
d’architecture et de sculpture du pays pour arriver à constituer un ensemble
vraiment national. Tout le monde connaît la cheminée du Franc à Bruges. Mais
il y a d’autres cheminées merveilleuses, notamment à Courtrai et à Anvers. Tout
le monde a admiré le Tabernacle de Léau qui se dresse, imposant, au centre de
notre salle de moulageé. Mais il y a encore les tabernacles de Louvain, de Lim-
bourg, de Saint-Martin à Courtrai, de Dixmude, où figure aussi un jubé de valeur
incomparable, ensuite le jubé de Walcourt, sans parler de précieux fragments de
sculpture ornant des façades anciennes, notamment à Bruges, où il y a par exemple,
sur une maison, tout un siège de ville sn sculpture, et de superbes tombeaux,
moins connus, mais non moins précieux que ceux de Charles le Téméraire et de
Marie de Bourgogne, enfin les confessionnaux et les bancs de communion de nos
167
Liège, Namur, Tournai ont formé des Musées d’antiquités et de peinture, s’enri-
chissant de dons particuliers, de trouvailles locales et que le gouvernement serait
mal venu à vouloir leur disputer quoi que ce soit au profit de ses collections à lui,
même en payant.
Et la collection des portraits historiques » pour laquelle le Musée de peinture
doit se dessaisir de quelques-unes de ses plus belles toiles, » serait-il vraiment
admissible qu'après avoir travaillé pendant un demi-siècle à l’accroissement de
notre Galerie nationale, on s’en allât de gaieté de cœur la diminuer d’un de ses
éléments d’attrait actuellement les plus appréciés? Au surplus, comment serait
poursuivie pareille collection? Le gouvernement n’est pas disposé sans doute à
susciter une concurrence à son propre Musée et si quelqu’un s’avise de donner ou
de léguer des portraits de maîtres au Musée royal, à les envoyer purement et sim-
plement au Parc du Cinquantenaire.
Il y aura encore le « Musée » de la numismatique, par le déplacement du cabinet
de la Bibliothèque royale. Mais la numismatique, science auxiliaire de l’histoire,
au même titre que l’iconographie, relève, à de rares exceptions près, des grands
dépôls littéraires dont les éléments sont indispensables à la mise en valeur de ses
éléments. Faire d’un cabinet numismatique un simple Musée, c’est dénaturer abso-
lument son rôle, c’est reléguer parmi les non-valeurs cette somme incalculable de
pièces d’imporlance artistique presque nulle, mais de valeur historique immense
Arrivera-t-il à l’esprit d’un homme de science de prétendre que la valeur d’un codex
manuscrit réside dans ses miniatures, qu’une estampe ancienne ne doive s’appré-
cier que par sa perfection artistique plus ou moins haute?
Un Musée de la nature de celui que nous avons à l’état d’ébauche a pour
premier devoir, comme pour première utilité, de s’adresser â cette foule que les
Anglais appellent lhe million et pour laquelle fut constitué à Londres, en dehors
du British Muséum, comprenant à la fois la Bibliothèque nationale, les anti-
quités, le Cabinet de numismatique et le département des estampes, le Palais de
Cristal de Sydenham, le palais de Bethnal Green, etc. Faire et défaire, c’est tou-
jours travailler, dit le proverbe ; encore faut-il travailler utilement.
11 a été question, plus haut, du Musée d’art monumental. Il s’agit là de ce que
l’on appelle le « Musée des échanges », où figurent jusqu'ici les moulages d’un
certain nombre de créations importantes du pays et de l’étranger. Entre toutes,
une galerie de l’espèce demande à être complétée d’une manière intelligente et
très certainement chaque jour doit l’enrichir. Il appartient à sa direction de
prendre l’initiative de la reproduction, par le moulage, de tous les fragments
d’architecture et de sculpture du pays pour arriver à constituer un ensemble
vraiment national. Tout le monde connaît la cheminée du Franc à Bruges. Mais
il y a d’autres cheminées merveilleuses, notamment à Courtrai et à Anvers. Tout
le monde a admiré le Tabernacle de Léau qui se dresse, imposant, au centre de
notre salle de moulageé. Mais il y a encore les tabernacles de Louvain, de Lim-
bourg, de Saint-Martin à Courtrai, de Dixmude, où figure aussi un jubé de valeur
incomparable, ensuite le jubé de Walcourt, sans parler de précieux fragments de
sculpture ornant des façades anciennes, notamment à Bruges, où il y a par exemple,
sur une maison, tout un siège de ville sn sculpture, et de superbes tombeaux,
moins connus, mais non moins précieux que ceux de Charles le Téméraire et de
Marie de Bourgogne, enfin les confessionnaux et les bancs de communion de nos