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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 3
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Lostalot, Alfred de: Henriquel-Dupont: les graveurs contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0198
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178

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

burin classique ne soit consommée; sa technique n’existera plus
qu’à l’état de souvenir historique, comme une formule d’art dédai-
gnée, sinon épuisée.

Louis-Pierre Henriquel-Dupont naquit à Paris le 13 juin 1797;
il était le fils d’un maître d’armes qui s’appelait Henriquel et avait
pris le nom de Dupont d’une tante qui l’avait adopté. Il entra de très
bonne heure chez le peintre Guérin. Dans cet atelier célèbre, il se
trouva en contact avec la plupart des artistes qui ont déterminé le
mouvement romantique de 1830; nous verrons plus loin qu’il n’en
fut guère influencé, car c’est à peine s’il est indirectement mêlé à la
lutte par quelques travaux familiers. Bervic, le maître du Laocoon
et de l'Enlèvement cle Déjanire, fit son éducation de graveur pendant
quatre ans, mais ne réussit pas à le conduire jusqu’à Rome. Sic vos
non robis... Celui qui devait disposer pendant tant d’années des entrées
à la villa Médicis, n’avait pas eu le pouvoir de s’en faire ouvrir les
portes à lui-même. Deux fois il vit attribuer à d’autres le prix de
gravure : à Coiny en 1816, à Taurel en 1818. Coiny, Taurel? que
reste-t-il de ces deux vainqueurs des palmes académiques?

« Ce double échec, écrit M. Henri Béraldi, dont le beau travail sur
les Graveurs du xixe siècle va singulièrement faciliter notre tâche. — ce
double échec décida sa carrière et fit sa fortune ’. » Il est de fait que
l’occasion était belle pour le jeune graveur, de ne pas s’attarder aux
vieilles formules qui avaient fait le succès de ses concurrents. Libre
de s’exprimer à sa manière, guidé par un goût supérieur, Henriquel
résolut de faire œuvre d’artiste, dégagé de tout préjugé d'école ; sans
rien perdre de son respect pour le noble instrument qu’on lui avait
mis entre les mains, il se promit à lui-mème de le manier avec indé-
pendance

En matière d’art comme en littérature, le rêve serait que chacun
eût une façon individuelle d’exprimer sa pensée. On y tend aujour-
d’hui, et cette conquête, encore indécise dans l’art, est tout près de
se réaliser dans la littérature. Henriquel a beaucoup contribué, pour
sa part, à l’affranchissement de la gravure : ce sera un de ses titres
de gloire. Mais il est singulier d’avoir à constater que, en prouvant
par son exemple l’inanité des formules sacramentelles, cet éminent
artiste aura, sans le vouloir certainement, accéléré la décadence
d’une école dont il était considéré comme le représentant le plus

1. Henri BéraJdi, Les Graveurs du xixe siècle, Tome VIII, Henriquel-Dupont
pages 77 à 109. — Gonquet, éditeur.
 
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