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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 4
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le comte de Nieuwerkerke
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0303
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276

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

juste pour recueillir les caisses éparses de sa collection, disséminée
en son absence chez Ed. de Beaumont et quelques autres amis. Cette
collection, en laquelle il avait mis toute sa fortune, il la céda bientôt
à Richard Wallace; et avec ces ressources que lui a soudain refaites
sa bonne étoile et le prix de sa maison de la rue Murillo, il s’en va
chercher séjour nouveau dans cette Italie qu’il a toujours adorée; il
y rencontre Gattajola avec ses beaux ombrages ensoleillés, dans sa
Toscane fleurie. Gattajola, se remplissant à nouveau de superbes
curiosités choisies par le grand goût du maître, pouvait seule le
laisser sans regrets de cet appartement du Louvre que les ministres
n’avaient cessé d’envier au surintendant et qui était l’une des causes,
et non dissimulée, de la guerre mesquine dont ils le poursuivirent.

La porte de cette villa hospitalière s’est ouverte naturellement
durant vingt ans à tout Français, artiste ou amateur, traversant la
Toscane, et que les souvenirs des anciens temps rattachaient de près
ou de loin à ce surintendant des Beaux-Arts qui avait laissé dans
son pays une si persistante renommée de galant homme, aux grandes
manières souriantes, toujours accueillant et bienveillant. Les trop
discrets dont il apprenait le passage, il les allait chercher jusqu’à
Florence, dont il leur faisai-t les honneurs avec sa grâce familière.

D’autres Français le retrouvaient en Suisse et particulièrement
à Interlaken en ces dernières saisons d’été; mais c’était grande fête,
quand nous le revoyions à Paris avec sa belle barbe blanche, et sa
haute taille, un peu alourdie, mais toujours droite, et sa bonhomie
charmante et rajeunie, alors qu’il visitait quelques ateliers amis,
sans oublier son Louvre qu’il avait tant aimé et si richement paré.
Les anciens demeurants de son administration se faisaient honneur
de lui faire escorte; mais ils étaient devenus rares et chaque année
lui apprenait la fin de quelqu’un d’entre eux. Ses conservateurs et
conservateurs adjoints de la première fournée avaient disparu tour
à tour après 1870 : Villot, Longpérier, Rougé, Morel-Fatio, Reiset,
Eud. Soulié, Clément de Ris, Tauzia. Ses lieutenants de l’administra-
tion des Beaux-Arts avaient disparu de même, les successeurs de
Ch. Blanc et de Mercey : Tournois, Courmont, et il a précédé de
quelques jours dans la mort l’un de ses plus chers et de ses plus
constants compagnons des temps heureux, et dont la perte lui eût
été la plus cruelle, notre pauvre Alfred Arago.

Et aujourd’hui, qui donc survit pour témoigner de ce que fut jadis
au Louvre ce personnage à large envergure, choisi par l’empe-
reur d’une main si heureuse, et qui semblait venu au monde pour
 
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