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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Le Musée du Prado, 2, La peinture italienne - les vénitiens: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0501

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460

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Elle aussi est cependant bien incomplète. Pas plus pour cette école
que pour les autres, nous ne pouvons en étudier la genèse, les tâton-
nements, les transitions successives. Ce sera donc d’emblée et sans
préparation que nous pénétrerons au milieu de sa plus belle et
féconde période de production.

Giovanni Bellini (1427-1516) et Mantegna (1431-1506) sont les
plus anciens maîtres vénitiens représentés au Prado, le premier par
un sujet qui lui est familier : la Vierge tenant l’Enfant nu, et accompa-
gnée de deux saintes, et le second par la Mort de la Vierge. On sait ce
que les deux Bellini durent aux leçons, aux exemples de Mantegna,
leur beau-frère, et aussi quelle part active prirent Gentile et
Giovanni à la transformation de l’école. Le tableau de Giovanni
n’est pas un des plus importants qu’il ait laissés; il nous semble
manquer de mouvement, d’expression, et le coloris n’y atteint pas
toute l’intensité, tout l’éclat que l’on admire en d’autres œuvres.
Exécuté sur panneau et peint à l’huile, on peut en fixer approxi-
mativement la date autour de 1475; il est signé Jouîmes Bellinus.
Le tableau de Mantegna présente de l'intérêt. Il est peint à la
détrempe, sur bois, d’une touche ferme mais un peu sèche; il ne
mesure que 0m,54 sur 0m,42. Malgré cette exiguïté, le maître y a
fait entrer de nombreux personnages; c’est d’abord la Vierge à ses
derniers moments, étendue sur un lit de parade, puis les apôtres qui
l’assistent. La composition est empreinte d’un grand sentiment de
naïveté. Saint Pierre, vêtu d’une chappe, vient d’administrer
l’extrême-onction à la mourante; un autre apôtre l’encense, un troi-
sième tient à la main un vase de parfums; tous les autres, rangés
sur deux files et tenant des cierges à la main, entonnent quelque
funèbre psalmodie. Cette scène, qui a de la grandeur, se passe dans
un appartement décoré d’une riche architecture; une fenêtre ouvrant
sur le dehors laisse voir, dans le lointain, une ville au bord de la
mer, des canaux, un quai, des lagunes. On dirait une échappée sur
Venise et c’est sans doute Ephèse, où les légendaires placent la mort
de la Vierge, que l’artiste a voulu nous faire entendre.

Les élèves et les sectateurs des Bellini ont tous profondément
subi le charme des nouveautés que ceux-ci leur enseignèrent. Aussi
perçoit-on très nettement, dans leur technique, plus d’une analogie
et d’un lien fraternel, par exemple la préoccupation, qui n’existe pas
alors chez les Florentins, d’éviter ou d’atténuer la dureté des con-
tours par l’harmonieuse association des couleurs et par l’enveloppe-
ment des formes, baignées dans une atmosphère lumineuse, légère,
 
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