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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Meissner, Franz Hermann: Arnold Boecklin, [1]: artistes contemporains
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314

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

A Rome aussi, le combat delà vie fut dur pour le jeune artiste. Il
lui fallut bientôt revenir à Bàle, et ce fut là que vint le trouver
sa première commande. Un consul de Hanovre lui demanda de
peindre, pour décorer la maison qu’il possédait dans cette ville, cinq
grandes compositions à la détrempe sur toile, représentant les divers
usages du feu. J'ai eu l’occasion de voir il y a quelques années deux
de ces gigantesques peintures, à Berlin, dans l’atelier d’un restaura-
teur de tableaux, où on les avait envoyées pour la réparation de
certains dommages d’ailleurs sans importance. C’était deux paysages,
un Bord delà Mer et un Site montagneux. Je ne me souviens plus exac-
tement du détail des sujets; mais j’en ai gardé l’impression d’une
gaieté quasi antique et d’un charme de couleur merveilleux. Ces
deux peintures faisaient songer aux paysages bibliques de Schirmer,
mais toutes deux étaient déjà du pur Bœcklin. Les trois autres pein-
turés . sont-elles du même genre, ou ces deux-là forment-elles
une exception dans la série? Je ne puis le dire. Mais j’ai peine, ayant
vu ces deux-là, à m’expliquer l’origine du long et ruineux procès
que Bœcklin dut engager avec le consul hanovrien, pour le forcer à
accepter des peintures qu’il avait commandées, mais dont apparem-
ment la bizarrerie lui avait déplu. Ce procès, qui faillit achever
de jeter dans la misère le peintre et sa famille, eut naturellement
pour effet d’aigrir son humeur. En 1856, désespérant de trouver
de l’ouvrage à Bàle, il vint à Munich ; pour sa bienvenue il y tomba
malade du typhus, avec deux de ses enfants. Et il était dans une
situation matérielle et morale des plus lamentables, lorsque le
gouvernement eut l’heureuse idée d’acheter pour la Pinacothèque un
de ses tableaux exposé au Kunstvérein de Munich. Ce tableau repré-
sentait Pan, le dieu des bergers, jouant de la flûte à l’heure de midi. L’ori-
ginalité de sa composition, sa profonde vérité d’observation et
d’expression, donnent aujourd’hui encore à ce tableau une impor-
tance considérable dans l’œuvre de Bœcklin. Sitôt exposé, il pro-
duisit une sensation très vive, et c’est de lui que date le mouvement
d’admiration qui s’est depuis maintenu et développé en Allemagne
autour de Bœcklin.

Le comte Schack, en particulier, s’intéressa vivement au peintre
bâlois : il lui acheta de nombreux tableaux, et ce fut lui qui, en 1858,
lui fit obtenir sur sa recommandation une place de professeur à
l’École des Beaux-Arts qui venait d’être fondée à Weimar. Bœcklin
y eut pour collègues le sculpteur Reinhold Begas, le peintre de
portraits Lenbach et le paysagiste Preller, dont les tableaux
 
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