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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 3
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, [8], Les écoles du nord - Rubens et le XVIIe siècle: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0207

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LE MUSEE DU PRADO.

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qui, par sa valeur intrinsèque comme par sa glorieuse paternité, a
pu seul revendiquer sa place parmi les trésors de la galerie d’Isa-
belle II : l’Arthéinise, ou plus justement la Cléopâtre de Rembrandt.

Datée de 1634, et très caractéristique de cette époque de la vie du
grand coloriste, la toile représente à mi-corps, de face et de gran-
deur naturelle, une jeune femme blonde, connue de toute manière,
tant par les estampes que par les peintures, le modèle de la mer-
veilleuse eau-forte de la même année, celle du mariage du peintre :
Saskia van Uilenburgh en un mot.

L’apparition est frappante : la chevelure blonde de la jeune
femme lui fait comme une auréole d’or. Vêtue de blanc et richement
parée, elle reçoit de la main d'une fillette la coupe qui explique le
sujet. Au fond, presque noyée dans la pénombre, une vieille femme.

Rembrandt sèmera de bien des chefs-d’œuvre la route pénible
qui le conduira à la vieillesse et à l’apogée du talent. Le tableau de
Madrid n’en reste pas moins digne de la superbe signature dont il a
tenu à le revêtir.

Avant de déposer la plume, je signalerai, parmi les anonymes
hollandais, deux numéros intéressants. D’abord le n° 1959, un jeune
Joueur de violon, figure à mi-corps, et de grandeur naturelle. La fac
ture est proche de Rembrandt au point que, s’il ne s’agit pas d'une
création personnelle, l’on ne peut songer qu’à Karel Fabritius. Ensuite
le Portrait d’homme à barbe rousse (n° 1964), que M. Bredius attribue à
J. Gerritz Cuyp. Nous avons grand’chance d’y trouver une image du
pensionnaire Olden Barnevelt. La rencontre en Espagne n’aurait rien
que de fort naturel.

Ma tâche est accomplie. Si le Prado dans son ensemble est pour
l'historien d'art, une source d’information et d’étude sans rivale, il
constitue pour l’art flamand, en particulier celui du xvne siècle, une
manifestation glorieuse entre toutes.

L'Europe compte des musées également riches: les chefs-d’œuvre
abondent en cent lieux divers; Madrid seul offre ce caractère à part
de résumer l’Ecole flamande comme en une galerie nationale.

HENRI IIYMANS.
 
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