200
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
frère Méliaduse, qui se trouvait déjà un peu avant 1430 dans la
capitale de la chrétienté. On y lit le passage suivant 1 : « Pisanus...
cura ex Iioraa Ferrariam se contulisset tabulam quamdam sua
manu pictara ultro mihi pollicitus est in qua Beaiæ Virginis imago
erat. Et quoniam ipsa tabula Romæ apud quemdam ei familiarem
erat, quamprimum Yeronam applicuisset ad ilium se litteras daturum
obtulit, ut eam tuæ fraternitati crederet, quo eam ilico ad me
mitteres... Quapropter si ut arbitror tibi tradita est, eam tuto ad me
mittas rogo. Illam enim mirum in modum videre cupio tum excellenti
pictoris ingenio tum vero præcipua Yirginis devotione... Yale; et
ipsi valemus omnes. Lætum quoque nuntium propediem et spero et
opto. Yale iterum. Ferrariæ XIII Kalas februarias. »
A partir de cette époque, les séjours de Pisano à Ferrare furent
assez fréquents, ce qui s’explique par la cordialité de Lionel à son
égard.
Il s’y trouva certainement en 1435. Dans le document qui nous
en informe, il est qualifié de « peintre très illustre » et de « familier
de Lionel ». Le 1er février, le marquis donne ordre de payer deux
ducats d’or au serviteur de l’artiste qui lui avait remis au nom de
son maître le portrait de Jules César. S’agissait-il de la peinture qui
ornait un petit coffret en forme de livre mentionné dans un inven-
taire de 1494, coffret destiné à servir de médailler? S’agissait-il
simplement d’une médaille antique, rapportée peut-être de Rome?
La modicité du prix rend plus vraisemblable la seconde hypothèse.
Il est probable qu’en 1438 Pisano revint à Ferrare, lors du
concile œcuménique convoqué dans cette ville par Eugène IY en vue
de réunir à l’Eglise latine l’Eglise grecque séparée d’elle depuis 858
à l’époque de Photius, et de préparer les moyens de combattre les
Turcs qui menaçaient l’empire d’Orient. On peut supposer, en
effet, contrairement à ce qu’écrit Paul Jove dans une lettre du
12 novembre 1551, que c’est à Ferrare plutôt qu’à Florence où le
le concile fut transféré en 1439, que Pisano fit la médaille de
Jean YII Paléologue 2, venu de Constantinople pour assister au
concile. Il était tout naturel que le célèbre artiste se sentît attiré
vers Ferrare au moment de la fameuse assemblée. Ne devait-il pas
î. La lettre entière est reproduite dans YArchivio storico dell'arte, octobre 1888,
p. 424.
2. Jean Vit Paléologue naquit en 1390, devint empereur d'Oricnt en 1425 et
mourut en 1448. Arrivé en Italie au mois de février 1438, il partit en octobre 1439.
11 avait donc quarante-huit ou quarante-neuf ans lorsque fut exécutée sa médaille.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
frère Méliaduse, qui se trouvait déjà un peu avant 1430 dans la
capitale de la chrétienté. On y lit le passage suivant 1 : « Pisanus...
cura ex Iioraa Ferrariam se contulisset tabulam quamdam sua
manu pictara ultro mihi pollicitus est in qua Beaiæ Virginis imago
erat. Et quoniam ipsa tabula Romæ apud quemdam ei familiarem
erat, quamprimum Yeronam applicuisset ad ilium se litteras daturum
obtulit, ut eam tuæ fraternitati crederet, quo eam ilico ad me
mitteres... Quapropter si ut arbitror tibi tradita est, eam tuto ad me
mittas rogo. Illam enim mirum in modum videre cupio tum excellenti
pictoris ingenio tum vero præcipua Yirginis devotione... Yale; et
ipsi valemus omnes. Lætum quoque nuntium propediem et spero et
opto. Yale iterum. Ferrariæ XIII Kalas februarias. »
A partir de cette époque, les séjours de Pisano à Ferrare furent
assez fréquents, ce qui s’explique par la cordialité de Lionel à son
égard.
Il s’y trouva certainement en 1435. Dans le document qui nous
en informe, il est qualifié de « peintre très illustre » et de « familier
de Lionel ». Le 1er février, le marquis donne ordre de payer deux
ducats d’or au serviteur de l’artiste qui lui avait remis au nom de
son maître le portrait de Jules César. S’agissait-il de la peinture qui
ornait un petit coffret en forme de livre mentionné dans un inven-
taire de 1494, coffret destiné à servir de médailler? S’agissait-il
simplement d’une médaille antique, rapportée peut-être de Rome?
La modicité du prix rend plus vraisemblable la seconde hypothèse.
Il est probable qu’en 1438 Pisano revint à Ferrare, lors du
concile œcuménique convoqué dans cette ville par Eugène IY en vue
de réunir à l’Eglise latine l’Eglise grecque séparée d’elle depuis 858
à l’époque de Photius, et de préparer les moyens de combattre les
Turcs qui menaçaient l’empire d’Orient. On peut supposer, en
effet, contrairement à ce qu’écrit Paul Jove dans une lettre du
12 novembre 1551, que c’est à Ferrare plutôt qu’à Florence où le
le concile fut transféré en 1439, que Pisano fit la médaille de
Jean YII Paléologue 2, venu de Constantinople pour assister au
concile. Il était tout naturel que le célèbre artiste se sentît attiré
vers Ferrare au moment de la fameuse assemblée. Ne devait-il pas
î. La lettre entière est reproduite dans YArchivio storico dell'arte, octobre 1888,
p. 424.
2. Jean Vit Paléologue naquit en 1390, devint empereur d'Oricnt en 1425 et
mourut en 1448. Arrivé en Italie au mois de février 1438, il partit en octobre 1439.
11 avait donc quarante-huit ou quarante-neuf ans lorsque fut exécutée sa médaille.