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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 5
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Michel, Émile: Max Klinger et son oeuvre: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0385
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MAX KLINGER ET SON OEUVRE.

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susceptibilités légitimes de l’opinion. Il convient de laisser de pareils
procédés à ceux qui, n’ayant point son mérite, cherchent par tous
les moyens possibles à stimuler la curiosité du public.

Il nous est d’ailleurs aussi facile qu’agréable d’opposer Klinger à
lui-même et, en regard des visées exclusivement pittoresques du
Crucifiement, de signaler, au contraire, la vive et sérieuse impression
produite par une autre de ses compositions religieuses, la Pie là
récemment acquise pour la Galerie de Dresde et dont, grâce au burin
consciencieux et habile de M. J. Payrau, nous sommes heureux de
mettre une fidèle reproduction sous les yeux de nos lecteurs. La
scène, disposée très simplement, est traitée cette fois avec la gravité
qu’elle comporte et son aspect est très saisissant. Trois figures seule-
ment : celle du Christ, dont le corps est étendu sur le couvercle de
son sépulcre, et celles de la Vierge et de saint Jean, réunis par leur
douleur auprès du cadavre de celui qu’ils ont tant aimé. La beauté
de ce corps inerte, détruit en pleine jeunesse, l’expression auguste
de ce visage sur lequel la mort a mis sa grandeur solennelle, l’émo-
tion touchante de ces deux êtres désormais abandonnés sur la terre,
— la Vierge, les yeux demi-clos, repassant dans son âme les joies et
les souffrances de sa maternité; saint Jean, l’ami fidèle, morne,
abimé dans sa désolation, et comme à côté de lui-même, — ces mains
des deux affligés qui se cherchent par un mouvement involontaire
de tendresse et d’abandon; autour d’eux, cette indifférence de la
nature en fête, avec l’étalage offensant de ses fleurs et de sa végéta-
tion luxuriante, ce ciel léger répandant une lumière égale, tout ici
concourt à l’impression de la scène. L’exécution est large, singuliè-
rement habile et peu apparente, sans trace de virtuosité, magistrale
dans son effacement même; la couleur claire, mate, discrète; l’har-
monie douce et reposante. En se contentant de faire appel aux senti-
ments éternellement vrais et profondément humains qui se
dégagent de son œuvre, l’artiste a su lui donner toute sa significa-
tion, toute son éloquence.

Cependant, malgré le mérite de ces divers ouvrages, il faut bien
reconnaître que c’est dans ses dessins ou ses gravures que Klinger
manifeste le mieux sa supériorité. On sent que c’est là son véritable
domaine parce qu’il y trouve les procédés les plus propres à la complète
expression de sa pensée. Dans la brochure Malerei and Zcichnung que
nous avons mentionnée plus haut, après avoir nettement établi la
distinction qu’il convient de faire entre la gravure qui n’est que la
reproduction d’œuvres originales et celle par laquelle un artiste se
 
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