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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 4
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Yriarte, Charles: Isabelle d'Este et les artistes de son temps, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0363
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344

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

eux, ils ont échangé leurs trésors dans des ventes volontaires, et ce
n’est plus qu’un hasard heureux qui pourrait nous mettre un jour
en face de ce portrait, où Isabelle, tout en se reconnaissant, déclare
que le peintre l’a faite « plus belle que nature1 ».

Quant au portrait de Frédéric, exécuté à Bologne par Francia,
alors qu'il allait devenir l’otage du Vatican, c’est dans l’ensemble
des collections de Charles lor, dispersées dans tonte l’Europe, qu’il
faut certainement le chercher ; nous ne désespérons point de pou-
voir l’identifier un jour.

Ici cessent les relations d’Isabelle avec Francia, relations qui
avaient commencé en même temps que celles nouées avec Lorenzo
Costa et par le même intermédiaire, celui de Bentivoglio ; mais
Francia, homme excellent et éminent artiste, devait mourir le
o janvier 1517, c’est-à-dire plus de vingt ans avant Isabelle, tandis
que Lorenzo Costa resta vingt-huit ans au service des Gonzague et
ne mourut qu’en 1535.

La marquise a aimé Costa; nous avons vu qu’elle avait grand
égard à son caractère et craignait de le froisser; son époux Jean-Fran-
çois, dont il fut le vrai panégyriste, ne cessa jusqu’à sa mort de le
combler de bienfaits, et le tint aussi en haute estime. Dès 1509, le
prince lui donnait une maison à Mantoue ; en 1511, il le gratifiait de
diverses terres dans les vicariats de Rovere et de Guastalla ; et chaque
fois, il accompagnait ses présents d’un diplôme dont la teneur mon-
trait tout le cas qu’il faisait de son peintre de cour2. Il fut sans doute
moins en faveur à la cour du duc Frédéric, le successeur de l’époux
d’Isabelle, et on vit Jules Romain prendre le titre de peintre de cour
et de directeur des constructions ducales du vivant même de Costa ;
mais l’âge avait glacé la main du vieux peintre des Gonzague., qui
s’éteignit en 1535, à l’âge de soixante-quinze ans.

Costa orna de ses peintures Marmirolo, Revere et surtout la
Pusterla, ou palais de Saint-Sébastien, et quelques années après avoir

1. « Havcnilomi vui cum Varie vostra facta assai piu bella clic non mi ha facto
natura, ringratiamo vui. » Lettre de la marquise à Francia, le 25 novembre 1511.

2. Voici un de ces documents, le premier en date, extrait de l'ouvrage de
Carlo d’Arco, Artisti alla cortc cli Mantova. 11 a toute la valeur d’une lettre de
naturalisation et, par sa teneur, atteste la sollicitude des princes pour les arts
et les artistes : « Cupientes Mantuam nostram Claris viris esse repertum, Laurentium
Costam, virum egregium alacri ingenio præditum eximus, nostree ætatis pictoribus
parem non solum, veram plerisque superiorem, liononiac civitatc celebri nostri asci-
vimus, quem ne pæniteret hac migrasse decrcvimus ipsum civilitatis privilégia dcco-
rare : item domum imam donamus. »
 
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