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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 2
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Gauthiez, Pierre: La Renaissance italienne et son historien français, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0169
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LA RENAISSANCE ITALIENNE

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à tous ses actes; jusqu’à la fin môme de la Renaissance, et par delà,
le succès des poètes témoignait de cette ancienne union entre la foule
et l’artiste : l’Arioste et le Tasse
chantaient sur les lèvres du petit
peuple, comme au xive siècle les
arti minori de Florence avaient su
par cœur Yunico poeta, Dante, tout
entier.

Mais le bouleversement social,
mélangeant toutes les classes de
la société, faisait rompre cette har-
monie entre les beaux-arts et le
peuple. Et puis, en Italie, le grand
contre - poids , la classe rurale,
n’existe pas ; l’art ne connaît point
le paysan ; où sont les pages de
Pantagruel, imprégnées de l’esprit
rustique, et les miniatures de nos
manuscrits les plus fameux, avec
leurs scènes de la vie champêtre?

L’individu, renfermé dans le cercle
étouffant de sa ville ou de sa for-
teresse, ne connaît pas les sources
vivaces du rajeunissement ; les
rustres que l’on trouve çà et là
dans les monuments italiens de
la Renaissance sont accoutrés à
l’antique. L’art ne se soucie, peu
de temps après l’éclosion de la
doctrine nouvelle, que des indi-
vidus brillants, de la renommée
éclatante : le divorce éternel s’est
fait entre l'humble réalité, la réa-
lité nourricière du vrai et les ar-
tistes emportés à la poursuite de
la gloire suivant les formules antiques.

SAINT P H O T A I S , PAR B O R G O G N O N E

(Chartreuse de Pavic)

Aussi l’apogée de la Renaissance, ce que M. Eugène Müntz appelle,
avec le bon Vasari, « l’âge d’or », est très justement placé dans la
période où un tel art, quels qu’en soient les caractères, atteignit son
 
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