L.-A. LEPÈRE
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première jeunesse remonte donc l’habitude de manier, avec une égale
aisance, le burin ou le pinceau, de faire parallèlement œuvre d'in-
terprète et de créateur. Des dimanches de liberté passés sur la butte
Montmartre ou aux environs de Paris, Lepère rapportait de prestes
ébauches, brossées dans la séance, et les études s’ajoutant aux études,
le Salon de 1870 montrait ses débuts officiels de peintre. A une époque
où la vérité était une
audace, les envois de
Lepère tranchaient
sur la banalité fausse
des paysages de con-
vention, et le souve-
nir n’est pas perdu
d'uu tableau, le Port
au charbon, près de
Saint-Denis (1873),
dont le bel accent de
sincérité provoqua
l’éloge.
Ainsi le graveur
ne s’est pas révélé
que déjà s’atteste un
paysagiste hors du
commun. Deux an-
nées encore les expo-
sitions continuent à
n’offrir de Lepère que des peintures : elles laissent prévoir le champ
qu’il va parcourir ; elles accusent le sens inné du pittoresque, décèlent
l’accord entre l’abondance des procédés de notation et l’acuité des
facultés observatrices. A Fécamp, la côte et la plage, la vie active des
gens de mer, les vieux bateaux de pêche si joliment patinés par le
temps, lui fournissent uneample matière; d’après l’ordonnance etles
sujets, il n’est plus douteux qu’Eugène Isabey et Adolphe Ilerviër
aient trouvé un continuateur, un émule ; mais, depuis le romantisme,
des révolutions se sont accomplies, la palette s’est éclaircie, et de
toutes les acquisitions de la peinture moderne bénéficient telle vue
des falaises embellies par la réverbération crépusculaire, puis telle
représentation ensoleillée du Val de Grainval, qui rappelait les Demoi-
selles de village de Courbet à un juge peu faillible, l’expert Martin. La
recherche de l’ambiance, de la lumière exacte, on la reconnaît en-
PORTRAIT DE L.-A. LEPÈRE, PAR LUI-MÊME
Bois original.
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première jeunesse remonte donc l’habitude de manier, avec une égale
aisance, le burin ou le pinceau, de faire parallèlement œuvre d'in-
terprète et de créateur. Des dimanches de liberté passés sur la butte
Montmartre ou aux environs de Paris, Lepère rapportait de prestes
ébauches, brossées dans la séance, et les études s’ajoutant aux études,
le Salon de 1870 montrait ses débuts officiels de peintre. A une époque
où la vérité était une
audace, les envois de
Lepère tranchaient
sur la banalité fausse
des paysages de con-
vention, et le souve-
nir n’est pas perdu
d'uu tableau, le Port
au charbon, près de
Saint-Denis (1873),
dont le bel accent de
sincérité provoqua
l’éloge.
Ainsi le graveur
ne s’est pas révélé
que déjà s’atteste un
paysagiste hors du
commun. Deux an-
nées encore les expo-
sitions continuent à
n’offrir de Lepère que des peintures : elles laissent prévoir le champ
qu’il va parcourir ; elles accusent le sens inné du pittoresque, décèlent
l’accord entre l’abondance des procédés de notation et l’acuité des
facultés observatrices. A Fécamp, la côte et la plage, la vie active des
gens de mer, les vieux bateaux de pêche si joliment patinés par le
temps, lui fournissent uneample matière; d’après l’ordonnance etles
sujets, il n’est plus douteux qu’Eugène Isabey et Adolphe Ilerviër
aient trouvé un continuateur, un émule ; mais, depuis le romantisme,
des révolutions se sont accomplies, la palette s’est éclaircie, et de
toutes les acquisitions de la peinture moderne bénéficient telle vue
des falaises embellies par la réverbération crépusculaire, puis telle
représentation ensoleillée du Val de Grainval, qui rappelait les Demoi-
selles de village de Courbet à un juge peu faillible, l’expert Martin. La
recherche de l’ambiance, de la lumière exacte, on la reconnaît en-
PORTRAIT DE L.-A. LEPÈRE, PAR LUI-MÊME
Bois original.