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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 1
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Fidière, Octave: Alexandre Roslin, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0056
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Louis XY et de Louis XVI, prit une part importante à l’expédition
maritime du comte d’Estaing, le jeune comte de Fersen, honoré
plus tard par Marie-Antoinette d’une amitié que n’ont pas manqué
de suspecter ses ennemis, et surtout le comte de Staël-IIolstein qui,
parti pauvre de son pays, se poussa si bien dans la société de Paris
et de Versailles que, après cinq années d’intrigues admirablement
conduites, il obtint du même coup l’ambassade de Suède et la main
de l’opulente héritière des Necker. Les artistes n’y étaient pas moins
bien accueillis. Roslin le savait; aussi résolut-il d’aller chercher à
Paris la consécration de sa renommée naissante. Il y arriva vers
l’année 1752, muni d’une lettre de recommandation que l’infante de
Parme1 lui avait donnée pour Mesdames de France, ses sœurs. Il est
permis de croire que son talent fut apprécié, car, dès l’année sui-
vante, il ne craignit pas de se présenter à l’Académie. On hésitait
à l’admettre à cause de sa religion2, mais son talent, non moins que
le crédit dont il jouissait, firent lever cet obstacle. Nous voyons en
effet le marquis de Vandières, directeur et ordonnateur général des
Bâtiments, écrire à ce sujet à Silvestre, directeur de l’Académie, en
ces termes : « M. de Saint-Contest m’a demandé de faire recevoir à
l’Académie de peinture le sieur Roslin, peintre suédois, de la religion
prétendue réformée; je désire qu’il soit examiné, afin de m’assurer
s’il est en état d’y être admis. C’est au sentiment des artistes habiles
que je m’en rapporte, et comme ils doivent être au-dessus de toute
prévention et de tout motif de partialité, je me repose sur leur sincé-
rité et sur leurs lumières... et j’attends le résultat pour répondre à
M. de Saint-Contest. »

Cette recommandation, pour modérée qu’elle fût dans la forme,
n'en était pas moins, au fond, pressante et eût suffi à assurer le succès
d’un artiste moins qualifié que Roslin. Il fut en effet reçu dans la
séance du 24 novembre 1753.

1. Louise-Élisabeth de France, l’aînée des sept filles de Louis XV. Elle avait
épousé, en 1739, don Philippe, fils de Philippe Y, à qui le traité d’Aix-la-Cha-
pelle avait assuré la souveraineté des duchés de Parme, Plaisance et Guastalla.

2. On sait que, à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes, les protestants
avaient été exclus de l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Cette rigueur
ne tarda pas du reste à tomber en désuétude, au moins pour les artistes étran-
gers. Dès 1717, nous voyons le miniaturiste Charles Boit entrer à l’Académie,
quoique protestant, sur l’ordre du Régent; de même pour le graveur prussien
Schmidt, reçu en 1744, pour le Suédois Lündberg, reçu en 1740, et pour quelques
autres. En général, on mentionnait sur les registres qu’ils étaient reçus, quoique
protestants, et sans que cela pût tirer à conséquence.
 
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